La Psychologue est une jeune femme douce et gentille. Un peu naïve, elle accorde sa confiance facilement, peut-être trop. Elle a une forte tendance à être joyeuse, un poil exubérante. Son côté candide doublée d'une attitude enfantine est très attachant. Elle met facilement les gens en confiance ce qui incite les gens à se livrer à elle assez facilement, ce qui est une qualité non négligeable pour une psychothérapeute.
De plus, elle a une vision très positive du genre humain. Même si elle raffole des ragots, elle garde le secret professionnel de façon, hé bien, professionnelle. Aussi, trop habituée à entendre parler des « pulsions sexuelles et agressives », elle n'est pas du tout du genre à juger. Venez lui dire que vous rêvez de violer votre grand-mère et elle ne trouvera pas ça plus étrange que si vous lui aviez révélé que vous aviez envie de manger des pâtes pour le souper.

Seulement voilà, il y a un bémol et il est de taille : la demoiselle souffre de Trouble de la Personnalité Borderline. Cette maladie, appelée aussi « état-limite », fait référence au fait qu'Anaïs se trouve à la frontière entre la Névrose et la Psychose. Globalement, ça se traduit par une peur de perte de l'objet, c'est-à-dire, en gros, une peur de l'abandon. C'est pourquoi, elle cherchera encore et toujours des preuves d'attachement dans son entourage, luttant encore et toujours contre l'abandon, que ce dernier soit réel ou imaginé. Elle est donc fortement insécurisée dans ses relations aux autres et à l'impression que tous ses objets d'attachement finiront par la délaisser et qu'elle ne peut que se battre pour reculer l'échéance le plus possible. D'ailleurs, dans la plus part de ses relations, elle aura une attitude « anaclitique » c'est-à-dire qu'elle cherchera à s'appuyer sur eux, à avoir le même type d'attachement qu'avec des parents.

Une des caractéristiques de sa pathologie est aussi un manque cruel de confiance en elle. Elle n'osera jamais aller « draguer » des gens et n'imposera ses choix que quand il s'agit d'une question de vie ou de mort. De plus, son affection influera sur son naturel joyeux en y insufflant un caractère très instable. Ainsi elle peut passer de sa bonne humeur habituelle à un état de profonde anxiété, de colère incompréhensible ou de mélancolie abyssale. Une instabilité qui se reflète sur ses relations sociales. Qui plus est, elle ne sera pas à l'aise dans les relations d'intimité, ne comprenant pas qu'on puisse être attiré physiquement par elle et ne sachant pas trop comment répondre à se genre d'attentions.

Pour finir, le trouble Borderline et aussi associé à la Cyclothymie (= difficulté à nommer et reconnaître ses propres émotions) et à des troubles alimentaires, dans son cas il s'agit de tendances à l'anorexie.

Voilà donc le portrait d'une femme fragile mais adorable car, comme nous l'avons dit plus haut, sa personnalité ne se résume pas à sa pathologie. En fait, il faut vraiment la voir tous les jours et avoir des liens d'amitié avec elle pour se rendre compte de sa maladie. Au jour le jour, consciente de son état, elle ne se laisse pas abattre et essaye de rationnaliser le plus possible. Car c'est bel et bien ça la clef : ne pas se laisser entrainer dans une spirale d'angoisse sans fin et s'arrêter pour méditer. Elle n'hésitera pas à demander conseil à des pairs ou des amis pour ce qui concerne ses relations interpersonnelles.

Souvent prise pour une adolescente, la demoiselle Jung ne fait pas ses 27 ans. Il faut dire qu'un air innocent flotte toujours sur son visage et que ces grands yeux bleus semblant vous percer à jour donnent l'impression de se poser sur les choses pour la première fois. Ce doux visage est encadré par des cheveux bruns foncés très longs (ils lui descendent jusqu'au nombril) lisses et très rarement emmêlés. Elle les remonte souvent en chignon quand elle est « en consultation ». Elle ne porte presque jamais de maquillage ou alors un peu de fond de teint et de crayon noir autour des yeux.

Niveau taille, elle est un peu plus petite que la moyenne des femmes mais elle aime compenser en portant des talons très hauts. En règle générale, elle s'habille bien, ayant un goût pour les vêtements de créateurs. Elle raffole des foulards et des grandes écharpes. Au quotidien, elle porte de toutes les couleurs mais elle trouve que c'est le noir qui lui va le mieux. C'est pourquoi c'est la couleur qu'elle choisit pour les robes de soirées ou les autres tenues événementielles. A l'exception des mariages, bien entendu.

A cause de ses tendances anorexiques, elle est franchement maigre ce qui se traduit par des mouvements fragiles, une démarche aérienne mais lente. Elle est très rapidement essoufflée quand il s'agir de monter des marches alors, mieux vaut ne pas lui demander de courir. Un corps trop maigre dont elle est consciente et qui la complexe car elle ne le trouve pas attirant bien que sa poitrine aie une taille dans la moyenne.

Ses mains sont parfaitement manucurées et ses ongles sont peints en noir, la plus part du temps. Si elle fait ça c'est pour lutter le plus efficacement possible contre sa pulsion de les ronger. Technique qui fonctionne plutôt bien parce qu'il faut vraiment qu'elle soit dans un état de stress intense pour être surprise à se ronger les ongles.

Elle ne possède ni tatouages ni piercing d'aucune sorte, dans le soucis de ne pas abimer ce corps avec lequel elle n'est déjà pas en paix et dont elle prend soin à coup de crèmes hydratantes de toutes sortes.

Anaïs est née en Suisse. Son père, Carl était Psychanalyste alors que sa mère, Elisabeth était infirmière. Elle fut donc élevée dans le respect du corps autant que de l'esprit.

Nana, comme l'appelait toute sa famille, était la cadette des deux enfants Jung. Son grand frère se nommait Loic. Ils avaient 5 ans d'écart. Née dans une période prospère et dans une bonne famille, les enfants Jung n'ont jamais connu le manque. Ils furent par contre noyés dans la technologie dés la plus tendre enfance et font donc partie de cette génération qui se sent à l'aise comme un poisson dans l'eau avec tout ce qui est issu de l'avancée des Reïn'ta.

Mais concentrons nous sur Anaïs...

Pendant sa grossesse, Elisabeth se trouvait, comme toutes les femmes enceintes, dans un état de transparence psychique qui lui fit revisiter ses attachements primaires et son oedipe sans aucuns complexes. Malheureusement pour la femme Suisse, ce n'était pas une partie de plaisir puisqu'elle avait été une enfant battue. Toute sa grossesse et quelques mois après la délivrance, elle fut donc plongée dans une dépression assez grave. Son psychanalyste de mari s'en inquiéta mais elle refusa de se faire suivre, détestant l'idée d'avoir d'aide dans un évènement aussi anodin (disait elle) que de porter la vie. De plus, elle ne comprenait pas vraiment le principe de la transparence psychique et n'osait pas l'avouer à son mari.

C'est pourquoi, dans les premiers mois de sa vie, les plus cruciaux, Anaïs, bien qu'elle reçut toute l'attention qu'elle avait besoin d'un point de vue médical, n'eut pas assez d'attention affective. D'aucuns dirons que ses problèmes affectifs viennent de là. Très vite, c'est de son frère qu'elle fut la plus proche. Loic devint en effet très vite son univers, sa base de sécurité et son meilleur ami. Il est amusant de noter que, d'un point de vue physique, ce dernier est son antithèse : blond, très grand, baraqué comme une armoire à glace.

A part ça, son enfance se passa globalement bien. Ana' était une enfant dynamique, bonne vivante, à l'écoute des autres et joyeuse. Ses principes moraux étaient simples et se résumaient en un mot : respect. Ainsi, elle portait autant de respects à ses maîtresses d'école qu'à ses camarades de classes. Elle était aussi très sociable et n'avait aucun mal à s'entourer d'amis.

C'est pendant l'adolescence que les choses se corsèrent un peu. Trop naïve, elle se liait aux mauvaises personnes tout en leur faisant une confiance aveugle. Elle se faisait manipuler dans tous les sens et se retrouvait souvent à porter le chapeau dans des histoires de gamines. La plus part du temps, elle passait d'un état admiratif d'une personne à une désillusion puissante, vécue comme une sorte de trahison. C'est aussi à cette époque qu'elle commença à avoir l'impression qu'aucune de ses amitiés ne duraient longtemps, qu'elles finissaient toujours par lui glisser entre les doigts.

Plus tard, son trouble Borderline se déclara. Traversant de grandes crises d'angoisses et étant de plus en plus instable émotionnellement, elle se retrouva vite marginalisée par les autres adolescents. C'est grâce au soutiens de son grand frère qu'elle réussis à passer cette période de sa vie plus ou moins bien et à éviter les tentatives de suicides habituellement associées à sa conditions.

A ses 18 ans, sensibilisée par sa pathologie et par les histoires de son père sur ses patients, elle se dirigea vers la Psychologie. Après 5 ans d'études à l'Université pendant lesquelles elle ré-apprit à s'ouvrir aux autres et à leur faire confiance, elle fit encore 3 ans de spécialisation en Psychothérapie.

C'est donc à 26 ans, qu'elle commença à pratiquer. Il se passa quelques mois pendant lesquels elle s'épanouit dans son travail, ne se lassant jamais d'entendre les gens lui raconter leurs malheurs, leurs joies, leurs pathologies. Seulement, elle apprit rapidement que son frère, passionné par les explorations spatiales avait été engagé pour faire partie du personnel qualifié de l'Arche. La nuit de cette révélation, elle ne put dormir. L'idée que son frère l'abandonne était ignoblement triste. Elle en parla avec lui et il lui conseilla d'envoyer sa candidature. Ce n'était en effet pas stupide, une psychologue sur l'Arche.

Apparemment, les autorités compétentes furent du même avis car, en Septembre 2231, elle décollait à bord du fameux vaisseaux. Un mois plus tard, elle eut la confirmation qu'elle avait bien fait de partir avec son frère : l'Arche se crasha sur une planète inconnue. Ana' préférait un million de fois être avec Loic dans cette galère que seule sur terre à se faire un sang d'encre et se demander où il était...