L'exercice de son métier, c'est sa grande passion. Le corps humain est dotés de fascinants mécanismes qui se déboîtent et se remboîtent au gré de l'imagination et du talent de celui qui joue avec eux ! Et qu'un corps soit mort, ou vivant, il recèle bon nombre de secrets, de réponses, et de particularités qui font qu'il est unique entre tous. C'est ce fait qui fait que Irwin ne se lasse jamais de son travail : chaque être est différent, et chaque nouvelle autopsie, ou tout examen en général, est une entrée sur un nouveau terrain de jeu, qu'il explore avec une avidité sans cesse renouvelée.

Ses relations aux autres, aux premiers abords, peuvent paraître étranges : en effet, il a tendance à réduire tout être humain à ses caractéristiques morphologiques. La beauté est dans l'observation méticuleuse d'articulations particulièrement souples, ou d'une peau au teint peu courant, par exemple, pour le légiste. Ces mêmes critères anatomiques lui serviront à séparer les gens intéressants de ceux qui le sont un peu moins … Enfin, tout du moins ceux qui ont des caractéristiques extérieures plus attrayantes que d'autres.
Au-delà de cela, Irwin n'a guère de conception pour les choses vaporeuses et spirituelles, comme le sens habituel qu'on donne à la beauté, ou à la sympathie. Il n'y a vraiment pour lui que les personnes qu'il a à tout prix envie de voir un jour sur sa table d'opération … Et celles qui ne l'intéresseront que le temps d'une séance une fois qu'ils y seront.

Pourtant, cette personnalité ne cache guère de traumatismes. Juste une passion inexplicable et inextinguible pour le corps humain.

En-dehors de cette passion, et lorsqu'il n'exerce pas son métier, Irwin aime beaucoup faire toutes sortes de maquettes, de puzzles, ou encore des casse-têtes. Il lui arrive même de traîner du coté de la salle des machines pour observer le travail des mécaniciens, ou des ingénieurs. Tout ce qui peut s'assembler et se désassembler, en somme, le passionne … Cela stimule son côté créatif. En tant que scientifique, il est, après tout, toujours à la recherche de nouvelles méthodes afin d'innover le quotidien !

Curieusement, il semble dénué de toute sensibilité mais ce n'est pas le cas. C'est simplement qu'il la cache particulièrement bien … Il n'a juste pas eu tellement de chance dans ses relations avec les autres, et il se réfugie dans la science anatomique afin de trouver des réponses sur l'être humain : son métier est tout autant une passion qu'une cachette pour lui.

Irwin a très mal vieilli, ou plutôt très peu. C'est à la fois un avantage et un désavantage, selon l'angle sous lequel on observer la chose. Pour un adulte de presque trente ans, disons qu'il ne fait carrément pas son âge ! Il semble, pour dire vrai, à peine sorti de l'adolescence. Cependant il s'apprête bel et bien à célébrer son trentenaire dans l'année qui vient …

Mais du coup sa carrure n'est pas bien impressionnante. Il ne dépasse pas le mètre soixante-quinze, mais est surtout particulièrement fin. Son allure de jeunot est parfois peu rassurante pour ceux qu'on amène tout spécialement pour des examens.
Enfin, parfois. Le reste du temps ils sont morts, de toute manière, alors ça n'a pas énormément d'importance ...

Au-delà de cela, il sourit très rarement. Il n'a pas l'air spécialement sombre, son visage est même plutôt clair. Des yeux et des cheveux bruns, bien assortis, des traits fins. Il n'est pas désagréable à dévisager. Mais il semble sans cesse accaparer par un monde qui n'est pas le nôtre … Et à plus forte raison parce que c'est plus ou moins le cas.
Jugé un peu flippant par la plupart des membres de l'équipage, c'est en partie à cause de ses manies de détailler ses interlocuteurs sous toutes leurs coutures et se demander ce qu'il aimerait inciser chez eux … Parfois dans un murmure, parfois dans sa tête. Le plus souvent à voix haute.

Irwin est né à Londres, d'une union de deux médecins. Tous deux travaillaient dans des hôpitaux différents, mais ils s'étaient rencontrés à l'occasion d'une petite fête organisée en l'honneur de nouveaux diplômés, destinés à travailler dans les différents hôpitaux londoniens. Ils étaient tous deux plutôt éminents, et avaient réussi une brillante carrière.
Mais celle qui avait le mieux réussi, c'était sa mère. Ce que son père avait du mal à supporter. Il bossait deux fois plus pour dépasser sa notoriété, tandis qu'elle l'assumait pleinement et ne revenait que rarement à la maison.

Du coup, ce n'est pas tellement ses parents qui ont élevés Irwin. Une fois sevré, sa mère l'a confié aux bons soins d'une nourrice, avant de reprendre la compétition avec son mari. La compétition ! Ni plus ni moins.
Le jeune enfant a toujours vu ses vœux matériels exaucés. C'était simple au possible. Aussi simple que de claquer des doigts. Mais lorsqu'il demandait de l'amour autour de lui, les portes se fermaient inexorablement. Ses parents se fichaient pas mal de qui il était : le but, c'était qu'il devienne un médecin encore plus compétent et talentueux qu'eux deux réunis, qu'il fasse son chemin. Et sa nourrice … ne faisait que son boulot, ni plus ni moins. Du moment qu'il était nourri et occupé, cela suffisait amplement. Ce n'était pas son môme après tout.

Un peu perdu dans ce manque d'affection, Irwin s'est mis à lire dès qu'il a été en âge de pouvoir le faire. Ce qui lui passait sous la main dans la bibliothèque de ses géniteurs, par exemple. Des ouvrages sur l'anatomie, sur la médecine, auxquels il ne comprenait rien. En constatant cela, ses parents lui ont laissé une petite montagne de versions pour enfant.

Puis il a grandi, nourrissant encore et toujours cette passion dévorante pour les mécanismes du corps humain, et désormais persuadé que la réponse au fonctionnement de l'être humain étaient à portée de sa compréhension. Inconsciemment, il se réfugiait dans la totale connaissance des mécanismes corporels afin de pallier à son incompréhension de sa propre petite enfance.

Puis, le garçon fini par grandir. Il devint adolescent. Mais parmi ses camarades, aucun ne semblait avoir un intérêt aussi prononcé que lui pour la façon dont eux-mêmes fonctionnaient. Il a tout de même connu l'amour. Une fille de sa classe, avec laquelle il parlait très souvent. La seule qui avait un intérêt quelconque pour la science, elle aussi. Mais elle a fini par le trahir, et même par lui tenir des propos blessants, brisant le dernier espoir qu'il avait de comprendre l'humanité par ses sentiments.
Il en déduisit tout simplement qu'il devait en revenir à ses premiers amours, sa première solution : les réponses étaient dans le corps. Quelles réponses ? Oh, cela, il le verrait une fois qu'ils les auraient découvertes ! Et il se réfugia encore d'avantage dans ses études.
En secret, il en était même venu à disséquer lui-même de petits animaux pour les comparer à ce qu'il savait des hommes.

Ses études furent brillantes. En tous points, sa curiosité et son envie en tête de file, il était supérieur à ses comparses. Mais curieusement, il ne choisi pas la même voie que ses parents. La chirurgie, les hôpitaux ? Très peu pour lui.
Il commença à officier dans la police, en tant que légiste. Puis, s'engagea comme civil dans l'armée. Il allait même sur le terrain. Son travail prenait de plus en plus de sens, ainsi.

Quand il entendit parler du projet de l'Arche, il se dit que c'était une bonne opportunité de découvrir des maladies, ou même des corps extra-terrestres. Voilà qui donnerait peut-être un nouveau souffle à son existence ! C'est sur cette pensée qu'il envoya sa candidature, et fut accepté à bord. Au crash sur une planète inconnu, le légiste a eu pas moins de deux-cent autopsies à faire, et a eu son comptant de menus plaisirs. Seulement, depuis que le nombre de mort a été établi, et qu'il ne reste que des blessés, il commence à s'ennuyer. Oh, bien sûr, quand il faut donner un coup de main au reste du staff médical, c'est toujours une occupation comme une autre. Parfois, il y a même un véritable intérêt à tout ça. Mais ça, il aurait pu l'avoir sur Terre.
Il n'attend, après tout, qu'une chose : qu'on lui amène quelque chose de tout neuf. C'est tout de même pour cela qu'il est venu !