Je suis un homme sympathique, social et gentil voyons ! Hein ? Ce n’est pas ce que vous a raconté la fille que j’avais dans mon lit hier soir et à qui j’ai dit de partir avant midi ? Bah, je peux vous affirmer qu’avant le réveil de ce matin, elle aurait dit exactement ce que je venais de dire.
Bon, d’accord, je peux être un peu « connard » avec les femmes qui finisse dans mon lit. En fait, généralement, c’est s’il m’a fallu moins d’une journée pour les emballer, et que donc, je n’ai pas retenu leur prénom que j’agis ainsi. Honnêtement, les femmes, c’est un peu mon moyen de fuir le fait que, ben, j’ai échoué en tant qu’Homme des Glaces.
Le fait de savoir que malgré le sort qui m’entrave, je peux toujours les charmer et faire mienne l’espace d’une fugace nuit, c’est ce qui me suffit.

Ma réputation de « coureur » n’est plus à refaire vous savez, et je l’assume. Honnêtement, j’ai même tendance à être assez « défiant » quant on m’en parle, ou me critique. Sauf quant c’est Siriel et Assana qui critiquent ce fait…elles, j’avoue que je préfère fuir leur regard où simplement ronchonné que ça ne les regarde pas. C’est surtout vis-à-vis de ma mère que je suis provocateur sur le sujet. Mine de rien, j’ai une rancune quant à ses décisions, même si je comprends le pourquoi du comment : en partie.
Car je sais qu’elle me cache, nous cache, des secrets quant à notre famille. Sinon, pourquoi semblait aussi mal à l’aise quant à mon obligation de stérilité ? Pourquoi, si la raison est uniquement que des personnes de sang royal ne soit pas reconnues comme tel ?

Enfin…je connais les protocoles de cours et autre, et je sais m’y tenir. Je reste tout de même réfléchit, et sais très bien tenir une conversation civilisée, même avec ceux que je ne peux supporter. Bon, eux, je me ferais un plaisir de leur faire une farce ou deux : en vengeance. J’ai la rancune tenace, et ne supporte pas d’être « ridiculisé » ou de voir mon peuple moquait.
Néanmoins, malgré tout ça, dans le privé…j’ai souvent des pensées loin de la joie et de la bonne humeur que je laisse croire. Je ne sais pas ce qu’on attend de moi, j’ai peur d’échouer. La considération qu’on me porte, en quoi et pourquoi est-elle différente de celle que l’on donne à un autre homme des glaces, alors que contrairement à eux : je ne peux offrir de pérennité à notre espèce ?

Et puis, ne serais-je pas plus utile, en ces temps troublés, ailleurs qu’à Crystal ? Je me « noie » dans l’entraînement pour faire taire mes envies de voyages, de découvertes, et de liberté. Pour faire taire cette sensation d’emprisonnement, d’étouffement et de responsabilité. Mais, pour combien de temps encore y arriverais-je ?

Ma physionomie ? Et bien, si vous voulez en savoir plus, je n’ai pas de soucis à ce que nous soyons plus…intime, vous savez ? Comme vous le voyez, je mesure un tout petit moins du mètre soixante-dix. Mes cheveux sont long, et m’arrive au milieu du dos. Leur couleur est noire, à l’image d’une nuit privée de lunes ou d’étoiles.
Il faut bien avouer que cela donne un certain effet, quant on sait que ma peau est dans des tons bleus relativement pâles. Quoique, j’ai un teint un peu plus bleuté que ma sœur et ma mère.

Pour ce qui est de mes yeux…Ils sont d’une couleur entre le vert et l’ambre. Un mélange assez étrange, mais que j’apprécie. Cela ressort bien, et fait que mon regard captive souvent les jeunes femmes que je veux charmer.
Car mes lèvres fines, mon allure androgyne, j’avoue que je les apprécie pour le charme et la grâce que ce corps me donne. Je suis fier d’être un Homme des Glaces, et en cela, je suis fier de ma grâce, de mon port altier, de ma fluidité dans mes mouvements et évidemment : de ma carnation.

Pour ce qui est des vêtements, j’aime les tenus en soie de tisseuses de givre. J’aime aussi ce qui se fait de satin d’ailleurs…et autre tissu à la douceur certaine. Tissu à nouer et vêtement à col montant sont ce que je préfère.
Il est rare, ou plus exact de dire que ceci n’est visible que dans l’intimité, de me voir cou nul. Dos nul, bras nu, ventre nu : oui. Cou nul, à moins de partager ma couche, j’en doute. Car un tatouage de Léviathan m’enserre la gorge. Si sa tête et le bout de sa queue se rejoigne sur la partie droite de mon cou…son corps englobe le devant, et sa longue queue puissante l’arrière. Je ne peux le cacher autrement qu’avec des vêtements…

Pardon ? Pourquoi ai-je besoin de le cacher alors qu’il est d’une précision, d’un détail, splendide et effrayant à la fois ? Car ce tatouage est la marque du sort que ma mère m’a apposé. Ce sort qui me rend infertile. La cause de la honte que je ressens de ne pas être digne des Hommes de mon Peuple. Alors, comment voulez-vous que j’en vienne à aimer ce Léviathan qui m’emprisonne ? C’est au-dessus de mes forces…veuillez m’excuser à présent !

Mon passé n’est pas extravagant, vous savez ?
Je suis né au sein de la demeure royale de la famille Wineldil. Je suis né, Prince des Glaces. Je ne pourrais raconter mes premiers jours, ni mes premiers mois…Mais il paraît que j’étais un bébé qui semblait ne pas pouvoir tenir en place, à toujours vouloir parcourir, en raz moquette, les lieux où je me trouvais. Un enfant qui n’était calme que dans le sommeil, c’est ainsi qu’on m’a dit que j’étais.

Puis, le temps commença à s’écouler. Je commençais à grandir, fier d’être un Wineldil. Les autres filles, elles m’aidaient toutes, elles étaient aux petits soins avec moi. J’étais content, je n’étais pas seul. Et puis, j’avais une grande-sœur avec qui je pouvais jouer…quant elle n’avait pas de leçons.
Néanmoins, grâce aux cours que je reçu, je vins à apprendre la rareté des hommes de mon peuple. Je vins à comprendre ce que signifiait être « Homme des Glaces ». J’étais fier de ce qu’il allait être mon avenir.
Mais voilà, à mes 15 ans…Ma Mère, la Reine, vint à m’apposer un sort de fertilité. La raison qu’elle m’évoqua, je ne suis pas dupe : ce n’était qu’une excuse ! Aujourd’hui, je lui en veux encore. Elle a inséré le sort dans le Léviathan qui avait toujours enserré mon cou. Cette marque de naissance qui semble si proche du tatouage…Depuis ce jour, j’ai haït cette marque, cette preuve de mon sang de Wineldil, mais aussi : la raison de mon infertilité !

N’ayant plus de repères, et n’ayant qu’Assana avec qui passer du temps…Siriel de plus en plus occupée, j’avoue que je devenais morose. C’est alors que j’observais Assana s’entraînait, que je me suis dit que, au moins, je pourrais peut-être être digne d’un des arts de notre peuple.
Je n’avais jamais été assidu à l’entraînement martial…avant ce jour. J’avais compris que je ne serais jamais digne des Hommes de mon pays, que je leur serais différent, qu’on avait des attentes étranges à mon sujet, mais non-définie. Alors, je me devais de m’améliorer.
Prenant les entraînements au sérieux, c’est là que j’ai découvert que ma maîtrise du givre était différente des femmes des glaces m’entourant. Ma maîtrise était plus grande que la leur ? Pourquoi ? Je crois que c’est la seule fois que Mère vint à me dire la vérité quant à un « secret » de la famille.

Depuis ce jour, j’ai toujours dû apprendre en bridant, par moi-même, mes compétences. Mais j’ai trouvé une forme d’abnégation, d’oubli de moi-même et de mes problèmes, dans la danse glaciaire et le combat martial de notre peuple.
En grandissant, j’ai commencé à vouloir faire comprendre à ma mère, mon désaccord. Aussi, j’ai commencé à draguer les femmes du palais, puis celle de cristal…et les voyageuses. Je n’avais pas le droit de quitter le palais ou la capitale, soit…Je me contentais de ces femmes que je piégeais dans mon lit, entre mes draps.

Je ne m’en suis jamais caché…quitte à ce que Siriel et Assana me tombent dessus. Mais, aujourd’hui encore, quand les rumeurs se propagent que j’ai découché ou fait venir une « compagnie » dans mes appartements…je ne peux me retenir de défier ma mère du regard. Je ne peux m’empêcher d’espérer qu’elle se fâche, mais aussi, qu’elle comprenne que je ne sais plus ce que je suis finalement !
Qu’est-ce qu’on attend de moi à la fin, si je ne peux faire perdurer notre peuple ? Je ne deviendrais pas « Roi », mais je n’enfanterai jamais. Qui serais-je ? Que deviendrais-je ? Aujourd’hui encore…je cherche des réponses.