Biographie
Dans le Duché de Huss, le Seigneur des Terres n’arrivait pas à avoir une descendance. C’était un triste sort que celui de ne pas pouvoir enfanter. Etait-ce le Duc ou la Duchesse qui portait cette malédiction ? Après des années de tentatives infructueuses, ce fut avec joie qu’on vit s’arrondir le ventre de la Dame de Huss. Le Duché était en liesse, un héritier allait bientôt naître. Aelia Syglia : C’était une petite fille qui avait pointé le bout de son nez. Certes un peu déçu de ne pas avoir eu un fils, le Duc passa vite outre ce choix du destin, il avait pu avoir un enfant et cela était déjà un moment grandiose dans sa vie d’homme mais également de Suzerain.
L’enfance d’Aelia fut toute à fait normale pour une jeune noble : cours d’étiquette, de maintien, d’histoire, de combat, … Une éducation classique mais qui avait fait ses preuves. Parents et enfant menaient une vie heureuse sans ombre au tableau. C’est seulement lorsqu’elle eut 10 ans qu’une tâche fit son apparition sur leur existence si idyllique. Cette « tâche » mesurait à peine 1m30 de haut et était âgée de 10 ans également. Elle s'appelait Pyreinth et d'après les adultes, c'était la fille illégitime du Duc.
Que les Dieux les préservent ! Le Duché de Huss allait être sali par l'infidélité de son Seigneur. L'épouse légale était blessée mais elle ne pouvait que trop bien se remémorer la souffrance que l'un et l'autre éprouvait lorsque tous les mois, l'espoir d'avoir un héritier s'évanouissait aussi vite qu'il était apparut. Il fut presque « normal » que le Duc tente de chercher ailleurs ce qu'il ne pouvait avoir dans son foyer. Ce n'était cependant pas une raison pour le pardonner aussi facilement. Mère et enfant étant itinérantes, le problème ne se posait pas trop. Phèdra l'inventrice n'était passée que pour informer le Seigneur de sa paternité. Peut être qu'un peu de nostalgie l'avait guidée jusqu'au Duché de Huss. Une chose était certaine, elle ne réclamait rien, si ce n'est un peu de reconnaissance de la part du Duc pour lui avoir donné un autre enfant. Embarrassé mais voulant tout de même témoigner de sa gratitude, le Suzerain décida de donner de quoi faire vivre la famille Kendrak, sans que cela ne s'ébruite.
Aelia était jalouse de cette enfant de quelques mois son aîné. Elle n'était plus la seule à être choyée par ce père qu'elle aimait tant. Elle devrait le partager avec cette fille qu'elle ne connaissait pas et qu'elle ne voulait pas connaître. Cependant leurs routes seraient à jamais liées. Elles partageaient une partie de leur sang et peu importe le temps qui s’écoulerait, elles seraient à jamais des sœurs, que cela leur plaisent ou non.
Les années passèrent et la jeune fille progressait sans cesse dans tous les domaines et en particulier dans celui du combat. Elle voulait tellement que son père soit fier d’elle. Elle serait le fils qu’il n’avait pas pu avoir mais en même temps, elle voulait qu’il la considère comme une femme à part entière. Cela faisait également quelques années qu’elle apprenait à éduquer des aigles rocs. Malgré ses tout juste 16 années, elle était plutôt douée, les relations entre elle et ses oiseaux géants se faisaient plutôt facilement. Lors d’une couvée, elle vit un aiglon tout doré sautillant, gesticulant sans cesse. Il était tellement petit et insouciant qu’elle craqua totalement sur sa frimousse. Aelia décida qu’il serait son aigle-roc et lui donna le nom d’Arnbjörn.
A l’aube de ses 19 ans, la jeune femme, dont la fraîcheur et la beauté faisait écho dans tout le Duché, avait prit pour habitude de se mêler à la foule. Elle aimait cet univers différent, des marchands à la criée, des petites gargotes d’où s’échappaient l’odeur des épices, les chants des marins alcoolisés accoudés aux bars, frappant leurs chopes les unes contre les autres dans un fracas sourd mais plutôt agréable. C’était une ambiance particulière qu’Aelia aimait côtoyer. Elle était loin la vie de noble où chaque chose devait rester impeccablement à sa place.
C’est là qu’elle rencontra un homme, présentant bien sur lui, éduqué. Il s’appelait Wilfred et lui faisait la cour lorsqu’elle passait devant sa boutique chaque samedi. Elle ne s’intéressait pas particulièrement à lui mais il est vrai que ses confitures étaient un vrai délice. Ce manège dura des mois mais Aelia ne lui montrait jamais de signes d’affection en retour. Jusqu’au jour où l’homme fut agacé et voulu passer à la vitesse supérieure : Prétextant vouloir montrer une nouvelle création dans son arrière boutique à la noble blondinette, il tenta de lui dérober autre chose que de simples baisers. En très mauvaise posture et surtout choquée du changement de comportement de ce Wilfred qu’elle pensait connaître, Aelia n’arriva pas à bouger. C’est à ce moment là qu’il apparut. Un homme si grand qu’il avait cassé la porte comme s’il s’agissait d’une vulgaire feuille de papier. Il se saisit de Wilfred par le dos de sa chemise et l’envoya rouler au fond de l’arrière boutique. La jeune femme n’avait qu’aperçu les yeux verts brillants et les cheveux bruns de son sauveur. Elle ne réalisa même pas qu’il l’avait soulevé de terre pour la faire sortir, en n’oubliant pas de donner un grand coup dans les côtes du malotru qui gisait au sol.
Le jeune homme déposa Aelia quelques mètres après la boutique, la reposant par terre et resta auprès d’elle pour voir si ses jambes étaient capables de la porter. Encore sous le choc, elle tremblait de toute part et ce mystérieux inconnu la conduisit au bar le plus proche pour la « rafraîchir ». Ne connaissant toujours pas leurs identités respectives, ils commencèrent à boire, pour « fêter ça » qu’il disait. Elle avait échappé à un bien mauvais moment alors maintenant il fallait l’oublier. Après quelques pintes, il lui donna son nom : Mercan Hundril. Il était de passage en ville avec son frère pour affaire. Ils restaient quelques semaines ou jours, il ne savait plus très bien. Plus il parlait et plus Aelia était intriguée par ce drôle d’oiseau. Il n’avait rien de Wilfred, ses manières n’étaient pas toujours correctes mais il avait la franchise d’assumer ce qu’il était. Après cette soirée au bar, ils décidèrent de se revoir, le temps de son séjour.
Et le séjour passa et ils se dirent adieu. Les commerçants itinérants reprenaient la route. En signe d'amitié et de reconnaissance, Aelia donna à Mercan un de ses rubans, un entièrement en soie fine d’un rouge écarlate : « Pour que tu ne m’oublies pas » lui avait-elle dit. En contrepartie, il lui offrit un bracelet artisanal en bois un peu grossier mais c’était l’un des siens.
La vie continua son cours jusqu’à ce qu’un beau jour, après deux années d’errances, les deux frères revinrent au royaume pour une autre période commerciale. Les retrouvailles furent chaleureuses, Mercan était devenu un peu plus « homme », une grande cicatrice traversant son visage. Cela ne l'avait pas plus changé que cela, il restait fidèle à lui-même. Leur première sortie fut d'ailleurs un bar de la place où le jeune homme finit rapidement rond. Il ne devait rester qu'une semaine mais son séjour se prolongea pour une période indéterminée. Mercan et Aelia se voyaient presque tous les jours après le travail de « garde du corps » de son frère, quand celui-ci lui permettait de vaquer à d'autres occupations. Ils allaient là où leurs jambes les emmenaient. La jeune femme était toujours très intriguée par lui, il lui racontait ses voyages, ce qu'il avait fait et vu. Pour la première fois de sa vie, Aelia avait l'impression d'avoir ce qu'on appelait un « ami ». Elle arrivait à lui parler, à se confier à lui alors qu'elle ne l'avait jamais fait auparavant avec quiconque.
Aelia décida d'emmener Mercan chasser un peu plus à l'est du Duché de Huss, dans les contrées plus sauvages pour profiter de la nature et du grand air et surtout : de l'anonymat. Accompagnés d'Arnbjörn, les deux jeunes gens se rendirent dans un petit village paysan mais décidèrent de passer leur séjour de manière plus rustique. Ils installèrent leur campement dans une plaine non loin de la forêt et de la rivière. A la nuit tombée après leur journée de chasse, ils allèrent se rafraîchir dans l'eau, se baignant et s'amusant comme des enfants. Sauf que : Ils n'en n'étaient plus, et les jeux innocents se transformèrent assez rapidement lorsqu'ils prirent conscience qu'ils étaient juste un homme et une femme.
Non pas comme Wilfred quelques années plus tôt, Mercan s'était approché d'Aelia pour la coller contre lui, l'étreindre de toutes ses forces sans pour autant l'étouffer. Il ne la forcerait à rien. Avec délicatesse, il lui avait embrassé le cou pour remonter doucement jusqu'à ses lèvres. C'était la première fois qu'un homme la touchait de cette manière et elle ne souhaitait pas qu'il s'arrête. Elle l'avait prise à son tour dans ses bras, le serrant contre elle et partageant son désir de lui appartenir. Ils passèrent leur première nuit d'amour à la belle étoile. Le soir n'était pas si froid, leurs corps entremêlés dans le noir les réchauffaient de la meilleure des chaleurs. Cette nuit-là et les quatre jours suivants, ils s'abandonnèrent l'un à l'autre aussi souvent que le désir les submergeait.
La dernière nuit, après encore quelques heures de plaisir, leurs corps étant blottit l'un contre l'autre dans une harmonie quasi-parfaite, l'heure était aux confidences. Aelia caressait les bras de Mercan qui la serrait contre lui, les lèvres collées sur son front. La jeune femme avait envie de parler, lui, souriait en lui répondant quelques mots entre deux baisers. Sauf que tout ce qu'elle avait sur le cœur n'était pas facile à entendre :
- Mercan ?- Hum …- Je crois … Que … Tu es le premier homme que j'aime plus que mon père...En effet la jeune femme allait dévoiler son plus terrible secret. Dés son adolescence, Aelia s'était rendue compte qu'elle portait pour son paternel un amour bien différent de celle d'une simple progéniture. Elle l'admirait mais plus encore. En grandissant, ses sentiments n'avaient pas bougé, elle aimait plus que tout ce père qui ne la regardait que comme une petite fille. Elle en était malade et verte de jalousie de voir ses parents former un couple si parfait quand bien même ils eurent à essuyer l'infidélité du Duc. Elle aurait tant désiré être la seule femme de sa vie mais elle n'était que la seconde. Elle s’en voulait d’avoir de tels sentiments si immoraux, si contre-nature. Cependant en rencontrant Mercan, c'était la première fois que son amour se portait sur quelqu'un d'autre et c’était une délivrance. Car oui, c’était une certitude : Aelia était éprise de Mercan.
En lui révélant ce secret, elle espérait nouer avec lui une relation de confiance absolue. Il ne devrait jamais le divulguer et surtout, elle espérait qu’il l’aimerait autant après s’être ainsi dévoilée. Mercan resta silencieux, il devait sans doute encaisser ses révélations qui n’étaient pas faciles à digérer. Soulagée d’avoir partagé son plus sombre secret, la jeune femme se blottit contre son amant en pensant que leur idylle durerait à jamais. La réalité la rattrapa très vite au petit matin lorsque dans leur tente elle se réveilla seule. Aelia ne s’inquiéta pas de suite, elle cru que Mercan était parti leur chasser ou pêcher quelque chose pour déjeuner. Sauf que les heures défilaient et son bien-aimé ne revint jamais au campement. Elle resta dans la plaine deux jours encore à espérer qu’il ne s’était qu’égaré. Mais il fallait se rendre à l’évidence, Mercan avait fuit comme un lâche et c’est le cœur en miettes qu’Aelia retourna à la capitale de Huss.
Les jours puis les semaines s’enchaînèrent sans une once de nouvelle de son marchant itinérant, la jeune femme sombra dans une dépression terrible. Elle qui était si pimpante n’avait plus goût à quoi que ce soit. Son corps faiblissait et son esprit semblait absent. Le Duc s’alarmait devant le désespoir de son enfant mais même lui ne pouvait plus rien y faire. En lui volant son cœur, Mercan avait aussi subtilisé l’amour impur qu’Aelia vouait à son père, redevenant une femme dans sa normalité et ses faiblesses. Ce n’est que deux mois plus tard, alors qu’elle errait dans les rues, dans l’avenue des bars, qu’elle entendit une voix tonitruante qui pourtant lui était connue. Elle entra comme une souris et son cœur s’arrêta de battre.
Sur une table, debout, les bottes crasseuses, Mercan, fortement alcoolisé, prenait par la taille deux danseuses exotiques qui pouffaient pendant qu’il leur bécotait le cou à l’une ou à l’autre. Elles essayaient de se sauver mais il les rattrapait toujours.
- Oh Mercan ! Que dirais ta femme si elle te voyait ? - J’ai pas d’femme … hips- Alors à qui il est ton joli ruban rouge à ton cou ? C’est pas très viril tout ça * rire *
Mercan jeta un œil vitreux au bout de tissu qui pendouillait devant lui, titubant et risquant de tomber il s’accrocha à la taille d’une des danseuses.
- Aaaaah ça ! Devine à qui c’est ça ! Il lâcha sans vergogne les deux femmes qu’il tenait dans ses bras pour faire « son show ». Retirant le ruban à son cou, il le leva bien haut, tournant sur lui-même pour le montrer à tout le bar comme une pièce rare et magique.
- Ceci m’sieurs dames, appartient à la fille du Duc de Huss ! C’est elle qui me l’a donnée et en personne s’vous plaît ! Hé ouais, j’me la suis tapée cette petite catin incestueuse ! Parce que vous connaissez pas la meilleure ?! Cette pute se fait son père aussi ! Ahahahah ! Aelia était livide, brisée par celui qu’elle avait tant aimé… Déjà que ce qu’il disait n’était pas la vérité, elle était déformée au plus haut point mais le pire de tout : il venait de lâcher son secret le plus noir en public. Quand bien même elle était blessée au plus profond d’elle-même et que son désir le plus cher aurait été de disparaître, ce n’était pas que sa personne qui était mise en cause mais sa famille dans son entier. Elle enleva le capuchon qui lui cachait le visage et se faufila à travers la foule qui était devenue bien bruyante.
- SUFFIT ! Tais-toi bougre d’âne ! Comment oses-tu te moquer ainsi du Seigneur de ces Terres ! Tu blasphèmes contre moi et ma famille ! C’est impardonnable !Elle sauta sur la table où Mercan divaguait, la reconnaissant sans doute mais ne percutant pas. Elle le saisit par le col et le jeta violemment au sol, restant seule élevée parmi la peuplade de gens qui resta choquée.
- MERCAN HUNDRIL ! TU N’ES PLUS LE BIENVENUE DANS LE DUCHE DE HUSS ! SI TU OSES ENTRER SUR NOS TERRES, JE TE JURE QUE JE TE FERAIS PENDRE HAUT ET COURT ! DEHORS MAINTENANT ! ET TOUT DE SUITE ! La fureur d’Aelia résonna jusque dans la rue, les passants s’arrêtant même de marcher. Les hommes soulevèrent Mercan et le jetèrent dans la rue, pour son bien. Au vue de la colère de la fille du Duc, ils n’auraient pas pariés qu’elle ne change pas d’avis et l’exécute sur place. Il ne fallait pas toucher au Duc mais le fait qu’elle ne démentisse rien laissa planer des rumeurs qui s’ébruitèrent dans tout le Duché. On ne parlait plus que de ça.
La honte était sur la famille Ringvild, tout le monde était au courant de ce qui se disait dans les rues : Le Duc, en plus d'être infidèle à son épouse, avait une relation incestueuse avec sa propre fille. Certains riaient en scandant que ce n'était que des divagations d'un alcoolique qui avait engendré cette farce, d'autres, regardaient d'un œil mauvais cette noblesse aux mœurs étranges, cela les écoeuraient. Après quelques semaines de ragots toujours aussi animés, la Duchesse ne put s'empêcher de prendre sa fille entre quatre yeux. Il fallait qu'elle sache car son mari, lui, semblait indifférent à tout ce qui pouvait se dire.
- Aelia, dis moi que ce n'est pas vrai ! Toi et … ton père !- …Le bruit sec d'une gifle sur le visage de la jeune femme résonna dans toute la chambre.
- REPONDS-MOI MAINTENANT !- Mère … Père n'a jamais eu d'yeux que pour vous … Mais c'est vrai que je l'ai aimé bien plus qu'une fille. Seul Mercan était au courant... Oh Mère comme je regrette, si vous saviez !Une autre claque avait marqué la joue d'Aelia qui ne pouvait retenir ses larmes.
- Je vous en prie Mère, pardonnez-moi... Pardonnez-moi d'avoir eu des sentiments contre-nature envers mon propre Père mais ils se sont tus maintenant, je vous le jure ! La Duchesse ne dit rien et ferma la porte d'Aelia à clé en sortant de sa chambre. Celle-ci resta enfermée dans sa propre demeure plusieurs jours durant. On lui servait ses repas puis on refermait la porte, tels étaient les ordres de sa mère. La punition cessa le jour où le Duc vint lui-même redonner sa liberté à Aelia. Il n'était pas au courant de ce que la Duchesse lui faisait subir et cette idée lui était insupportable. Comment pouvait-on faire souffrir sa chair et son sang ? La jeune femme n'était plus qu'une ombre, le teint livide, les yeux rougis par les pleurs, ses cheveux emmêlés n'avaient pas été coiffés depuis un moment. Elle portait les mêmes vêtements que le jour de la dispute avec sa mère.
Effondré devant un tel spectacle, le Duc ne put retenir son élan paternel et serra fort sa fille contre lui. C'était l'une des rares fois que son père la prenait dans ses bras. Il avait toujours été chaleureux mais d'une autre manière : une main sur le haut de ses cheveux, un sourire franc, un hochement de tête accompagné d'un regard tendre. Voilà quels étaient les gestes tendres qu'Aelia connaissait. Le jeune femme continua de pleurer dans les bras de son père. Peut-être qu'il l'avait toujours su ou ignorait-il toute cette histoire, le Duc n'était pas homme à croire n'importe quoi. Il caressait le dos de sa fille pour qu'elle arrête ses sanglots mais leur source était intarissable. Sa mère la détestait, elle avait perdu l'homme qu'elle aimait et celui qui la consolait n'était autre que son père qui tant d'années elle avait désiré ardemment. Sa vie était un fiasco total.
C'est à ce moment-là que la Duchesse les aperçut dans l'encadrure de la porte. Ainsi enlacés, l'épouse se sentit bafouée, la terrible rumeur prenant forme sous ses yeux. Pourtant ce n'était qu'une illusion. Cette image resta gravée dans son esprit si profondément que celle-ci la hantait chaque jour, ne supportant même plus de voir le visage de sa fille reprendre des couleurs. Tout comme ses sourires destinés à son père lui fendaient le cœur à chaque fois qu'elle les surprenait. Seulement quelques semaines après ces événements, on retrouva le corps inanimé de la Duchesse au beau milieu de la chambre conjugale. Elle s'était pendue au plafonnier.
Le Duc était inconsolable tout comme Aelia. Le Seigneur avait toujours aimé profondément son épouse et sa disparition lui laissait un vide dans son cœur d'homme. Ils avaient traversés tant d'épreuves ensemble, voilà qu'il se retrouvait seul. En bonne fille, Aelia s'efforça de soutenir son père du mieux qu'elle pouvait. Mais elle savait qu'elle ne remplacerait jamais sa mère et elle ne le désirait plus. Comment en étaient-ils arrivés là ? Pourquoi est ce que le malheur rôdait autour de leur famille ? Leur vie ne serait plus jamais la même et ils devaient malheureusement faire avec.
Aelia décida de devenir plus forte chaque jour, pour son père, pour le Duché. Elle deviendrait le pilier de Huss. Elle se forgea un caractère fort et une volonté de fer. Elle ne fléchirait plus. Elle s'était préparée à toutes les éventualités sauf une seule : la mort du Duc.
Affaibli par le chagrin, il tomba malade et ne se soigna pas. Du moins, pas comme il le fallait. Depuis le décès de son épouse, il n'était plus que l'ombre de lui-même, il s'occupait toujours des affaires du Duché mais il est vrai qu'il se reposait beaucoup sur les connaissances d'Aelia en terme de politique, d'économie ou de tout autre domaine. Elle était bien formée et avait prit en main tout ce qui concerne Huss avec l'aide de son père. Elle agissait pour lui, souhaitant le soulager de ses tracas. Cependant cela ne suffit pas pour le faire sortir du gouffre. Il avait beaucoup maigrit, perdait parfois la tête, n'avait plus conscience du temps qui passe. Voir son père s’amenuiser ainsi déchirait le cœur d'Aelia mais elle restait forte, pour lui. Elle était avec lui lorsqu'il rendit son dernier souffle. Elle tenait sa main maigre et faible jusqu'à ce que la vie le quitte.
L'héritière du Duché n'avait pas le temps de pleurer son défunt paternel. A peine avait-il franchi les rivages éternels que l'on se battait pour prendre sa place. La jeune femme dû se battre, au sens propre comme au figuré, pour rester à la tête du Duché. Après plusieurs mois de lutte, les rennes du Royaume lui furent confiées. Elle n'avait que 24 ans et était la nouvelle Duchesse de Huss.
Depuis qu'elle a obtenu ce titre, Aelia s'efforce de rendre son Duché plus fort. Tous ses efforts lui valurent la reconnaissance de la Famille Royale. Bien que jeune, elle était digne de gouverner son peuple. Elle menait le Duché d'une main de fer dans un gant de velours, jamais tyrannique, le plus juste possible, elle faisait de son mieux pour que la vie soit belle à Huss.
La disparition de la Royauté de Féliona l'a vraiment choquée, elle était très fidèle à son Souverain. Cependant les autres Ducs ne vont pas laisser la place vacante trop longtemps. La course à la couronne commence et Aelia ne se laissera pas faire, elle sera une adversaire redoutable quand bien même elle est la seule femme à disputer la titre de Reine.