Rita est une jeune femme excessivement immature, incommensurablement insouciante, un danger public, une plaie, une immonde créature, vile et vilaine, une maladroite sans bornes, une, une…c’est une allumeuse, je vous dit! Du moins c’est ce que vous dirons plusieurs concierges ou tuteurs de l’Académie du Savoir.

Étant passé maître dans l’art de se casser la gueule, ou celle des autres, c’est selon, Rita est du type jovial. La vie est si courte qu’il ne sert à rien de se faire du traquas! Dans tous les cas, c’est ce qu’elle se dit. Prude comme une Prêtresse, délicate comme… comme… pas du tout, finalement, une gentille petite fille à papa, paix ait sa réincarnation, tendre et souriante, rigolote, fonceuse et déterminée, Rita est une tarée. Non, sérieusement. Elle ne peut pas DU TOUT mettre un pied devant l’autre sans s’emmêler dans ses souliers! La moindre chose à laquelle elle touche déclenchera éventuellement un cataclysme.

Malgré tout, elle arrive à poursuivre ses recherches, grâce à sa mémoire légendaire, et finit toujours par se faire pardonner en papillotant de ses grands yeux verts. Évidemment, comme toute bonne inventrice, la damoiselle est d’une curiosité sans limite, ce qui la met AUSSI, parfois, dans de beaux draps. Un peu trop enjouée? Oui. Boudeuse par moments? Oui… Agaçante et exaspérante? Ouiii….

MAIS, on l’aime, la petite allumeuse!

Rita est une jeune femme de 19 ans plutôt petite, sur tous les points. Cinq pieds et deux pouces tout juste, cent dix livres mouillée, à peine assez de poitrine pour remplir les mains d’un homme…quoi que c’est pas demain la veille qu’elle laisserait un plouc mettre ses mains là!

Elle est toute rikiki et toute mignonne, gracieuse et…pardon? Sa chevelure est méchée de rouge cerisier et de brun chocolat, ce qui, pour une raison étrange, lui a valu d’être appelée Rouquine par un idiot ou un autre, et ses frisotis lui donne un air de croc des roches ou de cotonneux, tout dépendamment de l’heure à laquelle elle s’est mise au lit ou de l’humidité relative. Ses yeux ont clairement été hérités de sa mère, verts comme les pierres précieuses, grands et ensevelis sous de longs cils sombres. Son petit nez pointu, elle le tient de son père, légèrement retroussé et parfaitement au centre de son visage. Contrairement à ses parents, elle a une toute petite bouche, fine et jolie, ce qui ne l’empêche pas d’avoir une grande gueule.

Pratico-pratiques, puisqu’elle passe le clair de son temps dans un labo, ses vêtements sont bien ajustés et adaptés à sa fine taille. Elle porte une ceinture utilitaire à sa taille, lui permettant d’y accrocher ses outils, et porte également deux autres ceinturons autour de ses cuisses pour empêcher les voyeurs de regarder dans son short. Après tout, elle doit parfois se placer dans des positions précaires pour effectuer son travail de chercheure correctement! Corset de cuir, chemisier blanc dessous, gants de travail au bout desquels ses petits doigts dépassent, bottes de cuir solides, lunettes de protection. Rita ne part jamais non plus sans son fidèle par-dessus, un coquet petit manteau au collet relevé qui ne lui sert pas à grand-chose, vraiment, à part cacher ses bras et faire joli… Oh, il ne faut pas oublier ses longs bas blancs qui tiennent au-dessus de ses genoux avec une sorte d’élastique intégré. Il ne faudrait tout de même pas que les pervers puissent reluquer ses jambes comme les pervers qu’ils sont, pff!

Rita Photios est née en terres Turquoises au 8e jour du mois de l’eau de l’an 1562, d’Absalon Photios et de Nyelia Photios, née Nyelia Vitus. L’accouchement fût sans embuche et dura près de treize heures. L’enfant avait une petite tête pleine de cheveux lorsqu’elle fût posée sur le ventre de sa mère et le père ne tenait plus en place, détaillant les procédés par lesquels il lui confectionnerait tout un tas de jouets plus farfelus les uns que les autres. La mère était souriante, mais exaspérée, tant bien qu’elle lança un oreiller dans la tronche de son mari.

La petite famille vécu quelques années au Nord-Est du Duché de Turquoise, vivant des fruits de leur humble ferme et du troc, amassant parfois un peu d’argent en extra lorsqu’Absalon arrivait à vendre ses services ou l’une de ses petites inventions. Déjà toute jeune, la petite Rita était toujours fascinée lorsque son père sortait ses outils pour travailler sur un projet. Il est difficile de dire si cette fascination ne venait pas en fait du bruit que les outils faisaient lorsqu’ils se cognaient ensemble…

Lorsque la petite fût en âge de voyager, Nyelia fit connaître son désir de retourner vers sa terre natale, le Duché de Syn. Y ayant grandi, elle avait développé une passion pour les chevaux et voulait aujourd’hui en faire l’élevage. Absalon n’ayant pas vraiment d’attaches en Turquoise, et sa réputation d’inventeur rendant parfois le marchandage compliqué (il faut dire que ses quelques expériences avec la poudre noire avait fait coup d’éclat, littéralement…), ils décidèrent donc de plier bagages et d’acheter une nouvelle propriété, au Sud-Est de la région, près du fleuve Vei. Évidemment, il en prit plusieurs mois pour vendre le terrain, effectuer la transaction au Duché de Syn et rapatrier tous leurs biens. Une fois toute la paperasse réglée, les Photios allèrent s’installer dans leur nouvelle habitation.

C’est à l’âge de 12 ans, au 26e jour du mois de la lune ascendante, en l’an 1575, que Rita assista à un accident qui coûta la vie à Nyelia Photios. Un cheval effrayé donna un grand coup de sabot sur une poutre maitresse de la grange et le bâtiment tomba lourdement sur celle-ci alors qu’elle avait tout juste eu le temps de pousser son enfant à l’extérieur. Assise dans la neige, les bras de chaque côté de son corps, la brume de son souffle se dissipant dans l’air, Rita était immobile alors que son père tentait tant bien que mal de déplacer les lourds morceaux de bois effondrés. En tout, 5 chevaux perdirent également la vie dans cette tragédie. Le reste de l’hiver fût difficile. Ne pouvant plus élever ou abriter les chevaux restant, Absalon dû les vendre à bas prix au premier acheteur. N’ayant pas la motivation de poursuivre ses recherches, l’argent de cette vente fût tout ce qu’ils eurent pendant un long moment.

C’est à l’équinoxe que Rita et son père sortirent quelque peu de leur transe, reprenant leurs activités quotidiennes. Ils se rapprochèrent beaucoup pendant cette période puisque Rita passait le clair de son temps dans l’atelier avec Absalon. Pour tenter de rapporter un peu d’argent au foyer, la jeune adolescente mettait aussi un peu du sien en fabriquant des petites babioles, utilisant la poudre pour noircir le bois. C’est elle aussi qui avait pris le relais sur les tâches ménagères, son père étant absolument nul dans le domaine. Mieux valait qu’il cuisine la poudre noire que le poisson! (Pour ceux qui connaissent Rita, elle aurait mieux fait de s’en tenir au labo elle aussi…)

Les années passèrent, les Photios mirent assez d’argent de côté pour faire reconstruire la grange et ils achetèrent trois poney desquels Rita pris soin, les élevant et dressant au meilleurs de ses connaissances. Ceux-ci furent très utiles pour faciliter leurs allers et venues dans les marchés du coin. Absalon tentait tant bien que mal de présenter des jeunes gens à sa fille qui était plutôt solitaire et tête en l’air, mais rien n’y faisait; elle passait ses journées à s’occuper des corvées ou à l’observer travailler en prenant dans notes dans un grand calepin relié de cuir.

C’est peu après la célébration de ses 16 ans qu’une missive parvint au paternel de Rita. Celle-ci leur annonçait la construction de l’Académie du Savoir, un endroit où les inventeurs pourraient se regrouper, partager leurs notes et expériences, et même être financés! Voyant cela comme une opportunité en or d’avoir plus de moyens pour faire avancer la recherche sur les utilisations plus avancées de la poudre noire, le professeur et son apprentie prirent tous les arrangements nécessaires pour déménager à nouveau vers une autre région du continent. C’est au Duché de Ferel, tout près de l’Académie du Savoir que père et fille s’installèrent pour de bon.

À nouveau heureuse et enjouée, Rita s’ouvrit un peu plus au gens, saluant les différents chercheurs chaque fois qu’elle courait dans les couloirs de l’académie pour rejoindre Absalon dans son laboratoire. Elle acquit très vite une réputation de casse-pied, posant milles questions à gauche et à droite, observant, prenant des notes… Elle ne dérangeait pas en soit, c’est juste qu’elle avait tendance à être un peu trop enthousiaste et, surtout, maladroite. Et c’est peu dire.

C’est au 32e jour du mois de la terre de l’an 1580 que l’impensable se produit : impatient de tester une nouvelle méthode d’utilisation de la poudre noire inspirée par le passage d’un autre inventeur à l’académie, un artificier à qui l’on en refusa l’accès, Absalon fit une erreur de calcul et se retrouva pris au milieu d’un incendie dont il ne put s’échapper. C’est au milieu de la nuit qu’un homme au service des Arsion vint annoncer la triste nouvelle à Rita. Il lui fallut du temps pour bien saisir ce qui venait de se passer. Son père, son idole, son professeur, sa seule famille venait de périr en pleine expérience? Assise au salon de la petite maisonnée, fixant le vide depuis plusieurs heures, la jeune femme eu une révélation. Son père avait dédié toute sa vie à la recherche, tentant de découvrir des moyens ingénieux et différents d’utiliser la poudre noire, et elle était sa seule héritière, la seule personne à qui il avait légué les fruits de toutes ces années d’essais-erreur. Non. Elle n’allait pas se morfondre et pleurer jour et nuit la mort de cet homme. Au petit matin, elle ramasserait son livre de note, installerait la selle sur son cheval et se rendrait tout droit à l’académie pour revendiquer le droit de poursuivre le travail commencé. Une partie des notes d’Absalon avaient été perdue dans le feu, mais elle n’en avait que faire : elle recommencerait à zéro s’il le fallait!

Nous sommes maintenant en l’an 1581, mois du soleil. Rita travaille d’arrachepied à reconstituer les dernières expérimentations d’Absalon Photios. À force de tentatives manquées, et aussi juste à cause de sa maladresse généralisé, elle a acquis une toute nouvelle réputation et un mignon surnom : l’allumeuse (Voir ici).

Qui sait ce que découvrira cette tarée de Rita dans un futur plus ou moins explosif!