On ne connait jamais vraiment les gens. Et c'est une phrase toute indiquée concernant Alphonso. Entre secrets et mystères, il s'entoure facilement d'une sorte d'aura nébuleuse, qui répand un impression d'inconnu autour de lui. Parce que même si vous tentez d'apprendre à le connaitre, il gardera toujours quelques petits détails pour lui seul. Et cela se ressent. Dans son attitude, son être tout entier. Il suffit de le regarder pour savoir que vous ne savez pas tout de lui.

Mais il y a toujours cet infime espoir, que peut être, vous briserez la coque de mystère dont il s'entoure. Mais ce n'est qu'un espoir qu'il laisse miroiter. Vous ne le percerez jamais totalement à jour. Et avec ce léger sadisme, il vous regardera essayer de le découvrir, et pendant ce temps, il gardera jalousement ses zones d'ombres, obstinément. Car oui, Alphonso est borné. C'est sans doute son sang italien qui veut ça.

Mais sous ces airs de mystères, il reste une personne impliquée, passionnée et impulsive. Quand il fait quelque chose, il le fait soigneusement, et jusqu'au bout, même s'il lui arrive de se laisser dévier par des accès d'énervement ou de colère à cause de contrariétés diverses. Pas qu'il ne sache pas se contrôler, mais sa patience a des limites très rapidement atteintes par rapport à la moyenne... Encore son hérédité italienne, oui. Et il est dailleurs fier de celle ci. Alors ne vous avisez pas de vous en moquer, ou il vous le fera amèrement regretter, étant donné que, oui, monsieur est rancunier. Mais même s'il peut avoir des faux airs d'immaturité, il reste un homme relativement sérieux capable de garder la tête froide quand la situation l'exige.

Enfin, malgré ces airs un peu intimidants qu'il peut avoir par moments, il reste, dans le fond, une personne avec un bon fond, et un très grand coeur. Il vous aidera probablement si vous en avez besoin. Si vous faites partie des individus qu'il apprécie bien sur.

Grand beau et fort ? Pas exactement, non. Grand, certes. Du haut de son mètre quatre vingt deux, il reste assez grand par rapport à la moyenne de la population. Fort, il n'irait pas jusque là, même si son appartenance à l'armée lui a donné un corps bien fait, musclé malgré qu'il reste fin, avec un carrure un peu plus imposante que la normale.

Quand à la beauté, c'est pour lui quelque chose de totalement subjectif, alors il n'a pas la prétention de dire qu'il l'est, et préfère rester objectif et humble. Ce qui est un tort, puisque son physique est avantageux. Ses yeux en particulier, captivent l'attention, et souvent l'admiration. Ses yeux à la teinte si particulière, semblables à de l'or liquide, parfois traversés de zébrures d'ombres et d'éclats sombres semblables à des poussières d'obsidienne, sont la plupart du temps la première chose que l'on repère. Et bien souvent, ceux qui ont pu le regarder dans les yeux, repartent avec l'impression d'avoir conversé les yeux dans les yeux avec un fauve.

Mais il ne néglige rien de son apparence, et son corps est toujours parfaitement entretenu. Qu'il s'agisse de ses dents, de ses cheveux, son bouc ou ses vêtements, le moindre détail compte, et il prend toujours soin de paraitre impeccable, quitte à devoir se lever bien avant les autres le matin pour se préparer.

Etre un homme sans histoire n'est pas toujours chose facile. Et Alphonso ne fait pas partie de ces privilégiés qui ont eu une vie paisible et calme. Elevé par un père militaire et une mère infirmière, il a très vite baigné dans cette atmosphère pesante que diffusent les conflits. Il a grandi à Rome, en plein coeur de cette cité au passé prestigieux, au milieu de ce qui fut pour un temps, le centre du monde, il y a des siècles de cela. Son père était dailleurs un fervent admirateur de l'empire antique, et pour lui, un homme digne de ce nom se devait de porter les armes.

C'est ainsi que, dès la fin de ses études secondaire, Alphonso fut envoyé en académie militaire. Pas par choix, loin de là. Par obligation, oui. Il avait toujours été poussé à donner le meilleur de lui même dans son travail, et a passé le concour d'entrée haut la main. Quelques années plus tard, son labeur acharné le plaçait parmi l'élite. Lui, révait de découvertes, d'exploration. Et il était là, dans les rangs d'une académie visant à en faire un bon petit soldat, coincé dans un mélange de déception et de frustration. Il comptait parmi les meilleurs d'une école prestigieuse. Il avait déjà une place de sous-officier qui l'attendait à sa sortie. Il était soit disant un des futurs as de l'aviation au sein de l'armée. Mais il n'était pas satisfait. Qu'avait-il réalisé, qu'avait-il accompli ? Rien, si ce n'est obéir à des ordres qu'il n'avait pas eu le courage de refuser. C'est ainsi qu'il s'est renfermé, terminant ses études supérieures avec empressement, comme si ces dernières le faisaient suffoquer.

Mais ce n'est pas pour autant qu'il trouva le repos. Il fut intégré d'office à l'armée, en tant que sergent, et participa à quelques batailles. Il n'y avait que dans l'immensité du ciel et de l'espace, installé aux commandes de son avion, qu'il pouvait se sentir libre. Et coeur de la bataille, il en oubliait tout, uniquement concentré sur la victoire. Et c'est par ces actes militaires impressionnant, en dépit du danger et de la peur, qu'il s'illustra, et monta en grade, petit à petit.

Et puis, il y eut ce jour, où on lui annonça la construction de l'Arche. Ce jour où il se porta immédiatement volontaire pour faire partie de l'expédition. On lui offrait la chance de voyager, de découvrir des terres nouvelles. La possibilité de réaliser ce rêve d'enfant se présentait à lui. Et il la saisit immédiatement. Il n'allait pas rester pilote dans l'armée éternellement. Alors non, il ne regrettera rien. Il a fait des choix. Des bons comme des mauvais. Mais aujourd'hui... Aujourd'hui, il en est satisfait.