Quand je parle, on m’écoute.
Lorsque j’agis, on me suit.
Si j’ordonne, on m’obéit.

Je suis la patronne, un point c’est tout. Je ne suis pas là pour juger, ni pour critiquer. Je suis ici pour diriger. En tant que responsable, j’exige le respect et l’autorité qui me sont dus. Je suis ouverte aux discutions, mais mes décisions ne sont pas négociable. J’ai pour mission de gérer au mieux la section qui m’a été donnée et ce, peu importe les avis.

En tant que patronne, je n’ordonne pas moins que l’obéissance, la discipline et l’effort. Pour travailler correctement, j’ai besoin d’une équipe efficace. Je m’applique donc à obtenir le meilleur des scientifiques sous mon aile. J’exige peut-être beaucoup, mais je dédie tout mon temps au bien-être de ma section. J’ignore le nombre de nuit où le travail a remplacé le sommeil, mais j’estime que, pour demander aux autres, il faut fournir soi-même. Si j’exige des résultats rapides, je m’oblige un ouvrage encore plus difficile par respect pour ceux que je dirige. Le travail d’équipe n’a pas de secret : pour réussir, chacun doit faire sa part et faire confiance aux autres. Le chef de groupe n’échappe pas à cette règle; pour que je puisse faire correctement ma part du boulot, j’ai besoin de confiance et d’autorité.

Sinon, pour ce qu’y ait du reste, je le laisse aux bons soins des scientifiques de l’Arche. La science est une chose sacrée pour tous et jamais je ne contredirais un seul des spécialistes de ma section. Tout ce que je demande, c’est qu’on m’obéisse lorsqu’il le faut. Je suis loin d’être tyrannique, mais je ne suis pas une enfant de cœur non plus. Voyez-vous, la science se doit être limitée s’il on veut éviter des catastrophes irrécupérables dans le futur. Mon job, c’est de m’assurer que ces limites ne soient pas dépassées. Tant que j’approuve les expériences entamées par les membres de l’Arche, ceux-ci sont libre de faire ce que bon leur semble. On ne discute pas mes choix.

Par contre, cette histoire d’autorité m’apparait plus comme une façade de moi-même. On m’a toujours surnommé la « patronne », mais je n’ai jamais véritablement aimé se titre. En toute honnêteté, je suis loin d’être aussi sûr de moi-même qu’il n’y parait. Je prends des décisions rapides, mais je passe des soirées entières à questionner mes choix. Cette attitude sévère que j’affiche sert plus à cacher ma timidité et ma mauvaise façon de m’exprimer. Parfois, j'ai l’impression d’agir comme une toute autre version de moi-même. J’imagine que la plupart des gens en charge de plusieurs personnes se sentent ainsi de temps à autre.

Le physique n’est pas quelque chose qui me préoccupe réellement. Je prends soin de moi-même, comme toute femme qui se respecte, mais les soins de beauté n’ont jamais tourmentés mon esprit. Je garde mes produits nettoyants au nombre le plus bas. Mes cheveux, d’un roux flamboyant près du rouge, sont de loin ma plus grande fierté. Un petit coup de brosse chaque matin suffit à les rendre plats et reluisants. Cependant, être rousse possède aussi son revers de médaille : les tâches de rousseurs. Je réussi à les éviter durant l’hiver, mais j’échappe difficilement à l’été. C’est pourquoi j’évite le soleil comme la peste. Ma peau blanche brûle très rapidement sans crème solaire.

Côté taille, je suis loin d’être imposante. Je fais environ un mètre soixante et mon corps frêle et mince n’aide en rien ma petite taille. Je manque cruellement de rondeur au niveau des hanches et des fesses, aussi. Heureusement que je suis née avec de superbes jambes! Longues et bien définies, elles ont de quoi faire tourner les têtes. C’est pourquoi je n’hésite pas à les exposer. Sinon, à mon grand désarroi, ma poitrine n’est pas des plus exceptionnelles. Je réussi toutefois à faire valoir mes charmes lors qu’il le faut. Tout est une question d’attitude et de confiance.

Mon visage n’est pas mal non plus. Il est composé en grande partie d’un nez fin, d’une mince bouche et d’une mâchoire triangulaire. Mes yeux bleus, mêlés à mon regard félin, embellissent l’ensemble de mes traits. On pourrait même dire que je suis mignonne. Seulement, avec cette énorme aura d’autorité qui me colle à la peau, les gens portent très peu attention à mon physique. N’empêche que, grâce à elle, je parais plus grande et plus forte.

Il y a plusieurs centaines d’années, mes ancêtres sont venus s’installer en Allemagne. Des immigrants venus d’Irlande, à l’époque. On comprend un peu mieux d’où vient la chevelure rousse qui coure dans la famille. Depuis, des dizaines de générations ont vécues, mais toutes sont demeurées au pays. C’est donc pour cette raison que j’ai vu le jour ici, dans la ville de Munich. Ma mère, grande fanatique d’histoire en tout genre, décida de me nommer Ariane en l’honneur d’une légende grecque que lui avait racontée ma grand-mère. Un nom qui ne représente pas du tout mon caractère, si vous voulez mon avis. Mais bon, on peut difficilement déterminer la personnalité d’un bébé qui vient tout juste de naître.

Mon enfance s’est déroulée sans trop de problème. Déjà un peu « boss des bécosses » à mon âge, je dirigeais un petit gang dans mon quartier. Nous n’étions que des gamins, mais les alentours nous connaissaient comme un groupe de trouble-fêtes. J’ai toujours aimé les quelques années que j’ai passée à la tête de ce gang. Des mauvais coups, des blagues, des jeux… Nous faisions tout pour nous amuser. C’était un temps où les problèmes en société ne m’avaient pas encore frappée. On pourrait dire le contraire, mais je trouve aujourd’hui que l’innocence est une chose précieuse.  On dirait même que, parfois, l’ignorance mène tout droit au bonheur.

C’est durant l’adolescence que j’ai pris la décision d’étudier en physique. Je ne savais pas encore quelle discipline exactement, mais la réponse me vint quelques années plus tard : la physique des particules. J’étais parfaitement consciente que la tâche serait difficile lorsque j’ai appliqué pour ce programme. Pourtant, peu importe le travail, je voulais absolument concrétiser mes recherches dans ce domaine. Encore aujourd’hui, j’ignore d’où m’est venue cette idée. En fait, la seule chose dont je me rappelle c’est que, du jour au lendemain, je voulais me lancer tête la première dans cette discipline. Évidemment, j’ai dû faire des sacrifices pour y arriver. Fini pour moi les fêtes nocturnes arrosées d’alcool, les courses folles et les baignades au clair de lune. Non, je devais abandonner le plaisir pour des nuits de travail abominables! De toutes les choses que j’ai vécues dans ma vie, ces nuits d’études que j’ai passé à me gorger de café sous une lampe font parties des pires moments de mon existence. Je crois que j’en ai fait des cauchemars, d’ailleurs.

N’empêche, ces horribles nuits ont tout de même portées fruits puisque, à l’âge de 24 ans, l’université me donna le feu vert pour poursuivre mes recherches. La tâche ne fut pas facile, mais environ trois ans plus tard, moi et quelques collègues avions construit notre première invention brevetée : un moteur ultra-miniaturisé de type Thor capable de produire une quantité d’énergie beaucoup plus canalisée que les réacteurs présents sur le marché. Ce produit, loin d'être banal, à su porté notre nom dans les revues scientifiques les plus célèbres. Jusqu'à ce jour, je considère cette invention comme la plus importante de ma carrière.

Pour aller plus en détail, ce moteur, très semblable à celui de l'Arche, est adapté pour alimenter de petits objets sans créer de surcharge. Voyez-vous, même si les chercheurs en venait à miniaturiser le réacteur Mjöllnir, la puissante dégagée par cette nouvelle forme d'énergie n'est pas compatible avec les micro-appareils. Il existe des prototypes capables de canaliser et de diminuer l'intensité du courant pour les faire fonctionner, mais les matériaux deviennent rapidement usés par la puissance de l'organe moteur. C'est ce en quoi notre invention intervient. Avec une nouvelle façon de compresser le moteur de type Thor, la quantité d'énergie fournie à la seconde diminue. Par conséquent, les matériaux sont soumis à une moins forte pression et s'usent beaucoup moins rapidement. Les téléphones pourront donc être équipés d'un moteur plus durable, par exemple. Grâce à l’influence de l’université, notre produit fut rapidement acheté par une compagnie d’électronique et l’argent ainsi amassée servie à financer nos propres travaux. Notre groupe se sépara sept mois plus tard, les membres ayant tous été engagés par plusieurs entreprises à travers le pays. Ma vie universitaire prit donc fin.

Par la suite, j’ai travaillé plusieurs années à la tête d’une équipe de physiciens pour le compte d’une multinationale. Mon talent en tant que dirigeant fut vite reconnu au sein de la compagnie. Avec moi, on obtenait des résultats concluants et rapides. C’est la raison pour laquelle plusieurs entreprises tentèrent de m’acheter avec des offres plus alléchantes les unes que les autres. Toutefois, aucune de ces propositions n’attira mon attention et chacune d’entre elles furent refusées. J’aimais bien mon équipe et mon travail actuel me passionnait amplement. Je n'avais pas besoin d'argent, à vrai dire. J’étais très bien payé.

Peu après mes 30 ans, un nouveau sentiment s’installa en moi : j’avais besoin de changement. Depuis très longtemps maintenant, je m’affairais à diriger une équipe pour le compte de quelqu’un d’autre. J’avais envie de renouveau. La monotonie des jours m’avait gagné et je n’en voulais plus. Puis, un de mes collègues et bon ami me parla de l’Arche. Selon lui, le vaisseau cherchait des scientifiques pour faire partie de son équipage. J’ai donc postulé pour un poste de physicienne.

À ma grande surprise, je fus accepté à l’intérieur du cuirassé interstellaire, mais pas en tant que physicienne. Non, le personnel en charge du recrutement avait eu vent de mes talents de chef d’équipe et m’avait hissé au rang de responsable. J’aurais préféré travailler dans mon domaine de recherche, mais le court du temps en avait décidé autrement. Sur le coup, j’en avais déduis qu’il serait peut-être préférable de refuser le poste. Je ne pris pas longtemps pour changer d’avis et accepter cette chance unique d’explorer l’espace. Après tout, ce n'étais pas comme s'il m'était interdit de travailler sur mes propres projets. Seul le temps accorder à mes travaux en pâtirait.

Aujourd’hui, je suis responsable de la section scientifique du vaisseau. On me trouve parfois sévère, mais les résultats sont bel et bien là. J’adore l’équipe que je dirige et l’espace autour de moi m’émerveille sans cesse. Suite à l’écrasement de l'Arche sur la mystérieuse planète, j’ai dû complètement changer ma façon d’opérer et la totalité des scientifiques sous mon ailes sont désormais assignés à l’analyse de ce monde nouveau. Chaque jour, moi et les chercheurs du vaisseau en apprenons un peu plus sur ce qui se passe. D’ailleurs, je n’arrive toujours pas à croire qu’il y ait de la « magie » sur cette terre inconnue. C’est une découverte qui pourrait complètement changer la science.