Il n'est pas simple de saisir la subtilité complexe d'un caractère. Cependant, il est des grandes lignes directives pouvant prendre la température. Pour Räghen, ce serait sans doute la curiosité et la bonhommie. Fils de fermier, il a des valeurs simples et ne se préoccupe pas de ce qu'il juge inutile. Il est d'un naturel joyeux, souriant et enjoué, si bien qu'il n'est pas rare de voir une ambiance tendue se détendre lors de son arrivée. Bien qu'il se soit engagé sur le Requiem, il n'est pas un mauvais bougre. Il se donne bien plus facilement l'image d'un meurtrier qu'il ne l'est en réalité. L'homme est une brute de décoffrage et ne mâche pas ses mots. Dire qu'il est franc ne serait que foutaise. Il ne fait rien sans rien, et il est toujours question de marchander avec lui. Depuis aussi loin qu'il se souvienne il a toujours été très curieux, peu importe le sujet, il était toujours intéressé. En grandissant, cela s'est surtout accentué pour tout ce qui est culinaire.
Il a également un humour bien à lui, qui fait régulièrement grincer les dents ou lever les yeux au ciel.
Son capitaine avait pensé que son attitude désinvolte et enfantine serait passé avec les années, mais rien y fait. Räghen  donne toujours cette impression d'être un éternel gamin. Malgré cela, il est une épaule solide sur laquelle on peut compter lorsque l'on arrive à avoir sa confiance. Il est de ces hommes que l'on juge sur l'apparence. Il cache pourtant une grande maturité, ainsi qu’une grande souffrance. Il est l'électron libre de l'équipage, celui qu'aucune règle ne régit, cela ne veut pas pour autant dire qu'il se permet n'importe quoi, il est juste du côté de ses intérêts, en fait.

Le physique est une chose relative suivant la personne qui observe. Certaines le trouveraient charmant, d'autres diraient que c'est une tête à claques et les maris à cornes vous diront que c'est une engeance de la pire espèce, qu'il faudrait l'émasculer et le pendre haut et court. Sur un point de vue purement visuel, il est grand, un mètre quatre-vingt-six, il a la trentaine, quoi que certains lui donnent un peu moins. Il n'est ni carré, ni massif, ni fin, il est juste normal et musculeux, dû au manœuvre et à l'exercice fait sur le bâtiment nautique. Ses bras et une partie de ses pectoraux ont été tatoués au fur et à mesure des ans passés sur le Requiem.
Son visage n'est en rien une œuvre d'art, il n'a ni la dignité des nobles, ni leur raffinement, c'est juste une gueule. Il a du chien, du bagou comme certain le diront, une mâchoire carrée, un nez aquilin, des yeux verts perçants et malicieux légèrement en amande, accentués par des sourcils en accents circonflexes. Et sur son visage, il y presque perpétuellement un sourire amusé. Sa chevelure brune est une crinière indomptable lui tombant entre les omoplates qu'il maintient uniquement avec un bandeau. Nulle coiffure sophistiquée, plutôt celle d'un homme qui se couperait les cheveux lui-même ou qui laisserait faire le mousse.
Son style vestimentaire est plutôt simple : un pantalon et des bottes lorsqu'il fait bon, ajoutez à ça un haut de tunique lors du mois du Vent, puis, doublez d'une cape de fourrure lors du mois  de la lune ascendante.
En chose qu'il ne quitte jamais ou très rarement, il y a sa ceinture contenant des ballots avec différentes épices (sel, grains de poivre, et une autre suivants ses humeurs), ainsi qu'un collier enchanté lui permettant de créer une source de chaleur suffisante pour faire chauffer des aliments, peu importe le lieu, ainsi qu'une casserole enchantée par un mage arcaniste lui permettant d'avoir de l'eau douce, qu'importe le liquide qu'il met à l'intérieur.

Né il y a une trentaine d'années dans un petit village dans les terres du Duché de Turquoise, il a eu ce que beaucoup pourraient qualifier d'une enfance heureuse. Une grande sœur appelée Laëtis et un petite frère de deux ans, son benjamin Lothar, avec qui il jouait beaucoup dans les petits bois bordant la Serblau. La vie était rude et l'exercice important, mais l'enfant était heureux d'aider, surtout lorsqu'il s'agissait de soulager sa vieille mère pour préparer le repas. Aussi loin qu'il s'en souvienne il a toujours été curieux de tout.
A Trois ans, il avait mis en bouche des vers de terre et une limace qui était accrochés à leurs légumes.  Un peu plus grand, il avait essayé de cuisiner du rat, une viande d'ailleurs un peu sèche qui convient bien mieux en ragoût ou en sauce.

En 1563 alors qu'il ddevait avoir autour des quatorze ans, il rencontra l'amour dans les bras de la belle Idaëlle, une jeune femme venant d'un village de pêcheurs près de la Baie du Crépuscule. Ce fut le coup de foudre, il ne dormait, plus, ne mangeait presque plus, tant la belle rouquine lui avait empoisonné l'âme. Son père, lasse d'avoir une loque sur les bras qui ne servait à rien à la ferme, l'envoya rejoindre la demoiselle. Bien que leur amour fût consommé largement depuis maintenant deux années, il leur fallut attendre encore une année complète pour pouvoir se marier légalement.
Malheureusement, le bonheur est une chose fragile et éphémère, et Räghen ne l'apprendra que trop durement lorsque son épouse et l'enfant qu'elle portait furent tués par des brigands alors qu'elle emportait les produits de leur ferme dans la ville.

Ce fut une blessure immense et béante qui s'ouvrit en lui. Après avoir réclamé vengeance, qui ne viendra que beaucoup trop tard, il sombra de plus en plus dans l'alcool, si bien qu'un soir bien trop arrosé, il commit l'irréparable en quelque sorte.

- L'an 1568

"Des femmes, foutre ciel ! Et apportez un tonnelet au petit matin, nous lèverons l'ancre!" La taverne était pleine à craquer, et pas que d'honnêtes citoyens, loin de là. Un bateau pirate avait accosté dans une crique non loin et quelques individus plus que louches étaient venus chercher de nouvelles recrues. Un peu de sang neuf, pour remplacer les pertes.

Un homme à la carrure imposante était assis à une table volontairement isolée, à côté de lui, son bras droit sans doute,  plus petit, plus trapu, légèrement bedonnant, avec une barbe de trois jour et une cicatrice qui partait de la partie gauche de son cuir chevelu, pour rejoindre la lèvre inférieure droite. Jolie estafilade en somme. Quelques gars venaient parler avec eux, puis quittaient la taverne ou retournaient s'asseoir.
"- C'ptaine, nous manque plus que le cuistot et nous pourrons mettre les voiles. Fait pas bon de rester trop longtemps là. Ca pourrait sentir le sapin si vous voyez ce que je veux dire."
L'homme à la barbe noire finement taillée et au regard d'onyx murmura quelque chose à son second, qui finit par demander haut et fort ce qui lui manquait : un chef cuisinier.

"- Muw..Muwa, je, je suis cuisinier..hips…. Ze sais tout faire, ragoût, velou..louté, grillade, mijoté…tout, je vous dis." Räghen était debout sur la table, une bouteille à la main, il titubait dangereusement tout en affirmant qu'il était le meilleur chef qui existe. Vil fanfaronnerie de sa part, qui se révélera au fil des ans, une vérité absolue. Tout du moins, pour tous ceux qui ont goûté à sa cuisine.

Au petit matin, la gueule de bois et un horrible mal de tête, il se rendit compte qu'il était sur un bateau à des kilomètres des côtes en pleine mer. Depuis lors, il n'a jamais quitté l'équipage, trouvant au sein de ce groupe de mécréants, une sorte de havre de paix, et l'occasion de recommencer une nouvelle vie.
Il n'a jamais parlé à quiconque de l'équipage de son passé, ou tout du moins, de sa femme et de son enfant.

Comme tout homme lorsqu'il rejoignait la terre ferme, il n'était pas contre se laisser aller à des plaisirs simples comme celui de la chair avec des femmes toujours consentantes. Il a une quinzaine de bâtards, dont il ignore d'ailleurs jusqu'à l'existence. Mais personne ne lui a encore demandé des comptes, cela arrivera un jour. Mais tout le monde soigne ses maux comme il peut. Encore aujourd'hui la douleur de son âme ne s'est pas totalement refermée.

A l'heure actuelle, il est toujours pirate, proche des côtes du Duché d'Ylliss il a d'ailleurs vu les premiers raids des Harpies et comme il aime à le dire : "- Ca sent le pâté."

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