HISTOIRE
«
Tu es né. Savaient-ils seulement quels problèmes allaient les attendre ? »Je ne pense pas non. Et toi ? Le savais-tu ? Toi qui me suis depuis ma naissance. Quoi que, non, tu n’as pas fait hurler ma mère pendant plus de dix heures, tu ne l’as pas faite souffrir pendant des heures. Tu ne lui as pas déchiré les entrailles en voulant sortir.
J’étais tellement bien dans mon petit ballon de liquide et de chaleur. Nourrit, logé. Rien de mieux.
Mais il a fallu que je naisse. Qu’ils soient fiers de ça. Mes fesses ouais. Vous n’avez jamais été fiers de moi. Je n’étais que la ressource. La petite idée de rechange au cas où Moana ne serait pas assez parfait.
Etiez-vous seulement au courant de mon ‘’problème‘’, de cette ‘’maladie‘’ qui me touche de ce qui fait de moi un homme apparemment simplet. Un fou. Un idiot. Un aliéné.
« Tu étais seul et je suis arrivée. Moi, celle qui fait de toi un être mal vue. Ton ami ? Non, ne rêves pas… »Tu es plus une malédiction qu’une amie. Je n’ai jamais eu d’ami. Etant petit, j’avais des cours, j’avais des animaux, j’avais un frère à qui je ne parlais presque pas. J’avais des parents qui ne m’ont jamais fait sourire.
Ils n’avaient qu’un nom à la bouche ‘’Moana‘’. Et toi Loan, toi, tais-toi et révises tes leçons. Ainsi, elle est apparue, oui, tu es apparue.
Des murmures, des chansons, finalement des discussions. Tu n’étais qu’une petite voix, douce et tendre, tu n’étais qu’un soutien, un ami que je ne pourrais trahir car toujours de mon côté.
Je t’entendais. J’étais le seul. Je te voyais, J’étais le seul. Je trouvais ça normal. Ils trouvaient ça bizarre. Ils ont cru que je m’inventais une histoire. Pour passer le temps. C’est devenu plus sérieux. Ça leur à mit la puce à l’oreille.
J’ai vu des gens bizarre, des personnes qui m’ont regardé sur toutes les coutures. Un Cobaye. Un truc bizarre.
Tu m’as soufflé ses mots et j’ai perdu mon calme légendaire. Pour la première fois… J’avais six ans. Mon père m’a frappé au visage, un coup que j’ai encore en travers de la gorge, car il m’a cassé le nez. Sans un pardon.
On m’a finalement laissé dans mon coin. Seul, à nouveau, encore. On m’a finalement laissé tranquille avec cette voix, cette personne dansant sous mes yeux. J’étais un idiot, j’étais un aliéné, pour eux je n’étais pas un fils.
J’étais une chose, un plan raté… Je n’étais pas un enfant, j’étais une expérience ratée.
Je me suis alors plongé dans le dessin, j’ai commencé sur des feuilles, j’ai continué sur le sol, m’enfermant dans ma bulle. Dans mon monde.
Loin de tout ce qui pouvait me faire mal.
« Aaaah, l’adolescence. Tu étais tellement hors du monde à ce moment-là. Pourquoi tu ne t’es pas suicidé ? »J’ai joué avec des outils coupants, mais je ne suis pas assez fou pour leur faire le bonheur de mourir. On m’a laissé dans mon coin… On m’a laissé faire.
Je me suis passionné pour le dessin, tout était tellement mieux ainsi, seul dans mon monde. Pourtant, j’ai souffert, je n’avais plus de regard de la part de mes parents, on m’a laissé seul, on m’a laissé sans aucune considération. Sans amour, sans regard.
J’étais seul dans le noir.
Finalement, j’ai continué, j’ai appris, j’ai commencé à dessiner sur une toile plus vivante, mon corps. D’abord de façon simple. Le couteau faisait l’affaire.
On me les a retiré, alors j’y suis allé avec un outil plus simple une aiguille et un bambou. J’ai commencé simplement, sur moi. Puis par vengeance sur mon frère.
Lui non plus ne m’aimait pas, est-ce que j’existais seulement à ses yeux ? Est-ce que je… J’avais une vie, une existence en dehors des regards, des surveillances. Je demandais simplement de l’attention, que je n’ai pas eu…
Vengeance.
« Et tu as montré que tu étais intelligent »Douloureux, les dessins étaient douloureux. J’ai beau être un idiot, un aliéné, je n’avais pas d’idée masochiste dans la tête. Alors j’ai pensé. J’ai commencé à penser à une machine qui atténuerait la douleur.
J’ai créé une machine qui perce la peau si vite que la douleur est moins présente. J’ai découvert une passion.
Je fus mon premier Cobaye. Mon frère fut mon Cobaye, torturé par mes heures de travail, j’existais ainsi. J’étais fière de moi. Je n’étais pas si idiot, je n’étais pas un aliéné. Je… J’étais content. J’ai voulu la montrer à mes parents, ils m’ont ri au nez. Une petite tape sur la tête et va-t’en Loan, tu gênes.
Tu donnes une mauvaise image de cette famille.
J’ai été blessé… je me suis sentis tellement trahis, tellement mal. Comment pouvait-on m’ignorer à ce point, comment pouvait on me traiter ainsi ? Je pense avoir été blessé, je… Imaginez-vous ?
Vous êtes fière de vous, vous voulez prouver à vos parents, vos géniteurs que vous n’êtes pas une erreur et eux… Eux vous tapotent sur la tête et vous renvoient, sans faire attention. On vous cache aux invités présents…
« Tu as souffert ce jour-là, c’était jouissif. Et tu as commis l’irréparable »Qu’ai-je fais ? J’ai divagué, je suis parti en ville, me promener pour effacer cette douleur lancinante dans mon cœur. J’ai erré pendant longtemps. Très longtemps. Puis je suis tombé je ne sais pas où et j’ai vu mon frère, lui et son mentor.
J’ai tout vu. Il m’a demandé de garder le secret. J’y ai vu une nouvelle forme de vengeance. Chantage. Odieux chantage que je lui ai faits. Lui demander de m’aimer. Lui demander de me rendre vivant. Coté malsain. Nous avons commencé à coucher ensemble. De temps en temps, puis plus fréquemment.
Je me perdais dans ses bras. Il se perdait dans les miens. Je perfectionnais mon art sur la toile qu’était son corps. Je le marquais de façon indélébile. Possessif.
« Tu n’as pas été assez prudent. Ou l’as-tu fait exprès ? Tu ne demandais que l’amour de tes parents après tout… »Nous avons été découverts… Un soir, dans le même lit. Nus. Enlacés. Nous avons été découverts par nos parents.
Nous avons été mis dehors. Reniés. Simplement reniés. Ils nous ont rayés de leur famille. Ils nous ont rayés de leur vie à jamais…
Je les ai détesté. Après tout… Ont-ils seulement eu des remords ? Barrer deux hérésies, deux plans raté, c’est simple… Tellement plus simple qu’assumer.
« Et tu fais ta vie »Oui, nous partons ainsi, nous sommes ainsi. Nous bougeons de ville en ville. Nous travaillons dans les fêtes. Nous participons à la bonne humeur des gens. Nous créons l’émerveillement et le bonheur… Nous vendons du rêve et créons des toiles.
Et nous sommes des génies, même si l’académie du savoir et son sadique sont aveugles. Comme nos parents l’étaient. Nous vivons, simplement.