Venez passer une journée entière -voire une semaine- pour apprécier la palette de qualités et défauts de la grande prêtresse. Deux solutions s'offriront alors : Vous l'apprécierez plus que vous ne le faites déjà, vous l'admirerez à un point inimaginable ; ou alors vous la détesterez et voudrez qu'elle redevienne poussière.

Tout d'abord, c'est une lève-tôt. Depuis qu'elle a rejoint le temple, Nimiel se lève à la même heure et ce, peu importe le moment auquel elle s'est couchée. Même si la fatigue l'habite encore, ou que le souhait de rester entre les draps est fort, elle se force à se lever. Hors de question de traînasser au lit, sa piété est formelle. Pour dire, même malade elle trouve le moyen de se lever et de passer sa journée comme si de rien n'était.

Son dévouement au culte de Solyma est sans pareil. Si elle le pouvait, la jeune femme passerait ses journées entières dans la salle de prière du grand temple. Le calme et la fraîcheur que celle-ci offre est bénéfique à son esprit. Certes, elle apprécie la présence des occupants et visiteurs, ainsi que leurs activités, mais la quiétude du lieu de prières lui offre un réconfort plusieurs fois par jour. Elle en effectue au moins deux par jour : Au lever, puis au coucher du soleil. D'autres se font une place au courant de la journée, que ce soit un prétexte pour une tranquillité recherchée de la part de Nimiel, ou pour aider un couple en la conception d'enfants, entre autres choses. Aucune des vêpres adressées à Solyma ne dérange la jeune femme, surtout pas celles la suppliant d'octroyer une grossesse à une femme. Souhaiter une telle chose à autrui la réconforte, alors si elle peut aider à procréer... Après tout, du point de vue de la grande prêtresse, les enfants sont une bénédiction. Et son avis sur la question est visible.

Dans le courant de la journée, Nimiel passera du temps avec les orphelins recueillis au sein du grand temple, que ce soit pour jouer avec eux ou les border lorsqu'il est venue l'heure de dormir. Elle couve chaque enfant d'un regard bienveillant, maternel. Elle sait qu'elle ne remplacera jamais leur véritable mère, mais elle tient à chacun comme si elle l'était, et ne pourra jamais se passer d'eux. Ils sont tout pour Nimiel, absolument tout.

C'est en leur présence que la jeune femme a obtenu sa patience, sa douceur et son empathie. Peu importe le temps et l'objet de son attente, elle le fera calmement, sans s'emporter. De toute façon, elle ne peut pas se mettre en colère. Enfant, elle était emplie d'une haine sans fin, mais celle-ci s'est calmée avec le temps, et au contact des orphelins. Ainsi, il sera rare de la voir en colère, sauf pour de bonnes raisons. D'autant plus qu'elle arrive à comprendre les sentiments d'autrui, faisant d'elle une psychologue pour les enfants, les miséreux habitants le grand temple et les personnes peuplant la capitale impériale.

En parlant d'empereur, Nimiel lui voue un respect sans borne. Certes, elle est plus âgée que lui, ainsi que son épouse, mais il est la deuxième personne qu'elle vénère le plus, après Solyma. Les raisons ? Ce rôle lourd qu'il doit porter sur ses jeunes épaules, le fait qu'il se soucie de son peuple, et surtout son amour pour l'impératrice... On pourrait croire cette dernière raison futile, mais la jeune femme respecte Taranis pour cela. C'est même la principale cause. La nouvelle à propos de la stérilité de l'impératrice aurait pu le pousser à la répudier, mais il n'en est rien, malgré la volonté des aristocrates. Après tout, Nimiel sait combien la noblesse est cruelle et qu'il est difficile de lui faire face. C'est d'ailleurs cet aspect cruel, égoïste qui l'a poussé à ne pas apprécier les nobles.

Généralement, elle ne cache pas ses pensées, jouant avec les mots pour en dire le fond. Il est impensable que la grande prêtresse mente à qui que ce soit. Un prêtre ou une prêtresse détestable ? Elle le lui dira. Un enfant qui se montre désagréable ? Elle le lui fera savoir. Un homme trop entreprenant ? Elle lui fera comprendre qu'il ne doit plus l'approcher. La jeune femme ira même jusqu'à donner le plus sincèrement possible son avis à l'empereur, s'il le lui demande bien sûr, quitte à s'approprier ses foudres. Un franc parler doux et une timidité inexistante voilà comment on pourrait qualifier ses paroles.

Chaque matin, le même rituel s'enclenche. Le soleil pointera bientôt le bout de son nez et éclairera le monde de ses chaleureux rayons. Les premiers se feront voir dans quelques instants, mais avant cela, Nimiel ouvre les yeux. La découverte du plafond de sa chambre faite, elle rabat les draps et se lève pour procéder aux ablutions matinales. Elle ne se permet aucune grasse matinée. Son rôle de grande prêtresse la fait se lever, même encore ensommeillée et désireuse de rester dans son lit. Tandis qu'elle revêt des dessous et une robe, la porte de la pièce s'ouvre afin de laisser pénétrer l'aide dont elle a besoin. Le schéma matinal commence alors.

Assise, elle attend patiemment. Une femme dans son dos brosse ses longs cheveux foncés, tandis que celle qui lui fait face cercle ses yeux de noirs, faisant ainsi ressortir le reflet écarlate de ses iris. Les nœuds ôtés de sa chevelure, cette dernière se retrouve triturée dans tous les sens. Une coiffure unique, complexe, que la grande prêtresse ne peut réaliser seule. La décrire ? Il n'y a pas vraiment de mot pour. Elle est surtout conçue pour que ses cheveux ne traînent pas partout et la gênent. C'est ainsi que Nimiel se retrouve avec des sortes de chignons sur le côté du visage, de longues mèches tombant le long de celui-ci.

Cependant, c'est loin d'être terminé. Tandis que la coiffure se réalisait, la demoiselle qui cerclait ses yeux de noirs a abandonné cette couleur pour peindre le dos des mains et les bras de Nimiel. Dessins religieux, ils symbolisent son statut et la déesse du soleil, Solyma. C'est de cette même teinte que ses longs ongles sont vernis et sa bouche colorée. Et lorsque sa frange retombe sur son front, c'est un dessin -qui peut faire penser à la branche d'un arbre en plein bourgeonnement- qui s'ancre sous ses yeux jusqu'à ses tempes. Mais il ne faut pas perdre de temps. La jeune femme se lève, il est de son devoir d'achever son apparence.

Dans le miroir de sa chambre, elle contemple son reflet. Sa longue robe, dont la couleur peut varier, est serrée à la taille, faisant ainsi ressortir sa poitrine. Evasée pour le reste, elle dissimule le corps fin de la grande prêtresse ainsi que ses chevilles délicates et ses petits pieds. Lorsque l'envie lui prend, elle orne sa gorge d'un collier.

Un long et épais cardigan est ensuite revêtu. De teinte variable, comme sa robe, et aux manches larges, il recouvre son corps, l'engloutissant presque. Si elle le referme avec ses bras, on pourrait croire qu'elle ne porte rien en dessous, tellement il dissimule son enveloppe charnelle. On n'arrive même plus à voir ses longs doigts osseux, et la vue sur ces derniers est possible uniquement si les manches du vêtement sont remontées. Mais, afin de ne pas le perdre sans arrêt, elle le referme à l'aide d'un cordon dont le cardigan est doté.

On pourrait ensuite penser que la jeune femme se chausserait. Il n'en est rien. Sa robe étant déjà longue, et son cardigan encore plus, marcher avec quelque chose aux pieds la gênerait. Elle se balade ainsi nus pieds dans le temple, ne se munissant de chaussures -qui se résument à de simples sandales- uniquement lors d'événement importants ou officiels, et si elle sort de l'intérieur du temple.

Enfin la touche finale. Une tiare orne le front de la grand prêtresse. Représentant un soleil, elle symbolise, plus que la tenue ou les dessins tribaux, à elle seule le statut de Nimiel. Ainsi, nul ne peut contester son rang.

1551, Nimiel naît, dans les cris, les larmes, le sang et la douleur. D'origine noble, elle a vu le jour et grandi dans la capitale impériale, Tilesse.
Enfant, elle passait ses journées avec sa nourrice. Afin d'entretenir leur rang, ses parents allaient de réceptions en réceptions et de dîners mondains en dîners mondains. Ses parents l'aimaient, c'est un fait, mais étant peu présents dans la vie de Nimiel, ils lui passaient tout. Ou presque. Lorsque l'enfant faisait une crise en suppliant ses géniteurs de rester avec elle, ils lui faisaient comprendre qu'ils ne pouvaient pas, qu'être riche et de bonne condition sociale entraînaient des obligations à ne surtout pas manquer. Ce caprice, ainsi que le souhait de les accompagner lorsque ses parents sortaient, était le seul qui n'était pas réalisé. Cette habitude de ne pas les voir souvent, Nimiel s'en est accommodée, tout comme le fait d'être enfant unique, et a compensé cette absence par les poupées.

1559, cette façon de vivre s'arrête. Huit années à être chouchoutée, gâtée... Jusqu'à ce que le père de Nimiel fasse faillite.
Dans les affaires, il avait parié gros pour perdre beaucoup, allant jusqu'à emprunter en promettant un remboursement plus tard. La famille Loth est ruinée, mise à la rue. Les meubles saisis, les autres biens vendus, la maison évaluée... Il ne leur reste rien, mis à part les vêtements qu'ils portaient sur eux. Au revoir les quartiers nobles, bonjour les bas-fonds.Adieu grandes tablées, vie oisive, voici la moisissure et le travail acharné. Nimiel a eu du mal à comprendre tout cela. Après tout, elle n'était qu'une enfant, et même si la joie d'être avec ses parents était présente, le fait de ne plus avoir tout ce qu'elle demandait avait bouleversé son existence. Elle en est même arrivée à se dire que tout ceci n'était qu'un jeu, qu'ils s'amusaient à être pauvres juste pour un temps, et afin de rendre le jeu plus réel, ses parents travaillèrent de leurs mains -chose qu'ils n'avaient jamais fait avant- et Nimiel se faufilait un peu partout afin de vendre une miche de pain par-ci, un ou deux fruits par-là.

1565, le jeu se termine. Cela faisait six ans qu'il durait, alors elle s'est fait une raison. Adieu l'enfant naïve qu'elle était, bonjour l'adolescente qui s'est enfin rendue compte de la réalité, et du visage cruel que peut revêtir la noblesse.
Après avoir délester un garçon de quelques fruits, elle est rentrée au taudis qu'était sa maison depuis plusieurs années... pour y découvrir ses parents étalés au sol, baignant dans leur propre sang. Un traumatisme. Voilà ce que ce fut. Nimiel ne pouvait bouger, y croire. Elle était désormais orpheline et ne pouvait vivre ici. Comment le pourrait-elle ? Fouler chaque jour le sol où ses parents sont morts... Non. Hors de question. Mais alors, où habiter ? Elle n'en avait pas la moindre idée, d'autant plus qu'elle ne pourrait pas se nourrir éternellement du fruit de ses larcins... Jusqu'à ce que lui vienne une idée. Ce n'était pas glorieux, mais au moins, elle aurait un toit sous lequel dormir, un lit où se coucher et une table où manger.

1569, voilà déjà quelques années que Nimiel a fait le deuil de ses parents. La vie décadente qu'elle menait n'était pas l'idéal et la faisait survivre.
Simple courtisane à son arrivée, la gérante de la maison close où elle a vécu a vendu sa virginité au plus offrant, officialisant ainsi son appartenance à l'établissement. Mais être de sang noble paye. D'abord simple courtisane, l'adolescente a fini par vendre ses services aux plus riches et aptes à comprendre les subtilités de son langage. Jouant avec les mots, les maniant à sa guise comme son corps, elle parvenait à rendre une conversation intéressante, devenant ainsi une courtisane de luxe... Jusqu'à ce qu'elle tombe enceinte.

1570, sa grossesse est terminée mais l'enfant est absent. La dépression gagne la jeune femme de plus en plus.
Elle a continué à vendre son corps au début de sa grossesse, avant de donner des conseils aux nouvelles courtisanes lorsque cette dernière se fit trop visible. Une fois la naissance arrivée, Nimiel a repris son rôle en sombrant dans une longue dépression. La raison ? Son enfant est mort-né. Tenir cette petite chose inerte entre ses bras, le fait qu'il ne pourrait vivre l'a totalement déstabilisée. Il faut dire que le rêve d'enfant qu'elle nourrissait était de fonder une famille, alors lorsque l'occasion pour elle d'être mère fut un échec devint une raison de déchéance pour la jeune femme. Elle n'arrivait pas à s'en remettre, jusqu'à ce qu'elle trouve la lumière à travers la religion.

1575, après cinq ans de foi sans faille, de dévouement sans limite auprès de Solyma, Nimiel est nommée grande prêtresse.
Elle a vaincu sa dépression, fait partir sa folie. Des prêtresses de Solyma l'ont recueillie au sein du temple lui étant dédié, et ont fait en sorte qu'elle se tourne vers la lumière. La jeune femme a abandonné son envie d'être mère, de peur de sombrer de nouveau, et reporté tout son amour vers les orphelins du grand temple. Elle n'aura jamais d'enfant, ils n'ont plus de parents. Elle leur offre alors toute l'attention et tout l'amour auxquels ils ont droit. A côté de cela, elle vient en aide aux démunis grâce à sa connaissance des bas-quartiers et parlemente avec la noblesse quand cela est nécessaire, à cause de son ancien rang de noble.
Quelques mois après être devenue grande prêtresse, la jeune femme est chargée du couronnement de l'empereur Taranis. Elle appréhendait cet instant. Tout d'abord car elle remplirait un rôle important dans la vie politique du souverain, puis parce qu'à côté, le discours d'ouverture des fêtes du soleil semblait minuscule. Le fait de se retrouver au milieu de la noblesse ne la ravit pas le moins du monde, néanmoins le stress dont Nimiel fut dotée ce jour là ne gâcha en rien la cérémonie. Ce fut un événement marquant dans sa vie, quelque chose qu'elle n'oubliera jamais et dont les orphelins du grand temple lui demandent sans cesse de le raconter.

1577, le discours d'ouverture pour les fêtes du soleil a été prononcé. Alors qu'elles ne sont pas terminées, l'empereur se marie.
Un autre événement important dans la vie de Nimiel. A l'instar du couronnement, le mariage de Taranis marqua son esprit. Le fait qu'il soit prestigieux, magnifique était une chose, l'amour qu'elle vit dans ses yeux en fut une autre... La jeune femme l'admira pour sa proximité avec le peuple, mais elle se transforma rapidement en vénération lorsqu'elle remarqua le regard plein d'amour avec lequel l'empereur couvait sa future épouse. Le stress était présent lui aussi, car elle avait peur de le ruiner, ainsi que l'appréhension habituelle de la proximité de la noblesse. A l'égal du couronnement, elle n'oubliera jamais cette cérémonie et s'amuse à le décrire aux enfants.

1581, les vérités sur cette étoile tombée du ciel sont arrivées. Nimiel reste curieuse, comme la plupart des gens, mais reste à l'écart de tout cela. Elle n'a pas envie de se mêler de ce qui ne la regarde pas, et se contente de passer ses journées à prier et à s'occuper des orphelins.