Le respect des traditions ont toujours été le pilier du bon fonctionnement de la famille Uri Vala. Cette dernière a su prospérer et se construire une excellente réputation : ce sont des  commerçants honnêtes et fiables, leurs femmes sont obéissantes et dociles et leurs hommes fidèles au suzerain d'Amecar.

En effet, au sein de cette famille, toute rébellion ou toutes idées individualistes sont exclues. Ainsi, dès sa plus tendre enfance, Katarina a été éduqué pour être très active au quotidien tant au niveau intellectuel que manuel, à participer aux tâches ménagères -malgré la présence des domestiques- et surtout à être très obéissante. Par conséquent, nous avons là une demoiselle capable de tenir une maison entière, gérer ses problématiques qu'elle soit financière ou sociale et capable de réfléchir. En effet, on ne cherche pas non plus à produire des robots ou des femmes au foyer sans cervelle : chez les Uri Vala, la connaissance prime et filles comme garçons, tous ont droit aux mêmes savoirs et c'est bien le seul domaine où tout le monde est sur un même pied d'égalité.

A vingt ans, c'est une femme docile à sa famille et à son mari, soucieuse de sa maisonnet et intellectuelle. En travers de ses lectures ou des différents débats qu'elle a pu assister dans sa jeunesse, elle a su acquérir un esprit critique et une capacité à analyser la situation "froidement". Elle essaye toujours d'être objectif et de trouver une solution à tout problème.  Par conséquent, les personnes du duché n'hésitent pas à venir la voir pour des litiges ou des problèmes. Par contre, elle n'a pas été très confronté à la duplicité ou au complot propre à certains nobles, ainsi dans ces domaines-là , elle n'y connait rien. Heureusement ses frères et sœurs, disséminés un peu partout dans le monde, n'hésitent pas à la tenir au courant de pratiques, à la mettre en garde contre telles ou telles visiteurs étrangers ... etc. Malgré sa maturité, elle reste une jeune fille de vingt ans éduquée dans l'optique d'être au foyer et non d'être impliquée dans mille et une complots de la cour. Encore, et heureusement, la cour de Feliona n'est pas aussi sulfureuse que celle de Talrea.

Dernièrement, avec la mort tragique de la famille royale de Feliona, le royaume va mal et trois duchés dont celui de son mari sont en compétition. La cour, connue pour son "calme", est dorénavant ménagée de toute part par la noblesse du royaume. C'est une situation inédite qui se présente à Katarina, un environnement inconnu auquel on ne l'avait jamais préparé, cependant elle garde la tête haute et souffle quelques conseils ou idées à son mari. Bien entendu, elle tente, du mieux qu'elle pu, de le guider mais lui laisse le choix de la décision finale. Elle écoute, acquiesce et agit en conséquent. Elle part constamment du principe qu'elle a avancé ses principaux arguments et que son époux est bien plus sage qu'elle.

D'ailleurs en parlant de cet époux, leur relation n'a pas débuté par un coup de foudre. Au départ, elle avait été promis au grand frère mais après la mort de ce dernier, elle a dû épouser le petit frère, dix ans son ainé. Si au départ, elle avait eu peur, rapidement elle a gagné en confiance. Le lien qui les unit est construit sur un respect mutuel et une écoute attentive de l'autre. De plus, au fil des années, elle s'est rendue compte qu'il partageait les mêmes opinions qu'elle et ce même amour pour la population, pour la "collectivité". Ils s'entendent très bien et n'hésitent pas à partager des opinions, des doutes ou des problèmes.  Cela ne doit pas être de l'amour mais plus une très grande amitié, une fraternité. Il est un peu comme la moitié, comme si ils avaient grandi ensemble. Le sentiment a son ambiguïté encore, et elle est récemment marié à lui n'oublions pas, et elle n'a clairement pas le temps de s'appesantir dessus. La maison l'appelle.

Katarina n'est pas spécifiquement belle. Elle est avant tout soignée ! Sa mère lui répétait sans cesse "il n'y a pas de femmes laides mais des femmes non soignées. Si tu es soignée, tu seras bien plus resplendissante !".  Par conséquent, au quotidien, c'est des soins particuliers pour être toujours présentables et attirantes pour son époux. Et oui, sa beauté ne doit être destinée qu'à son homme avant tout et dans un second temps, prouver au monde à quel point il est l'homme le plus heureux d'une part par sa position et d'autre part par une femme aussi jolie- Lorsque l'on vous dit qu'elle est éduquée dans la pure tradition, cela n'est point exagéré - .

Bien entendu cela ne la gêne pas particulièrement et chaque jour, elle s'amuse à être coquette, à choisir son maquillage, sa coiffure et ses robes. Il faut qu'elle mette en avant ses yeux bruns avec un léger coup de crayon, qu'elle démêle ses cheveux bouclés -bruns aussi- avec un produit spécifique et une bonne brosse et qu'elle applique un peu de rose sur ses joues et ses lèvres pour paraître moins pâle. Par exemple, sa robe doit cacher au maximum certaines parties du corps disgracieux ou peu avantageux : limiter la vision d'une petite poitrine, mettre en avant la forme courbée de son corps et trouver un moyen pour paraître un tout petit plus grande - elle ne mesure qu'un petit mètre soixante et avec grand difficulté- .

En vingt ans, elle a su trouver des combines, les bonnes adresses et toutes ces choses avec sa mère et ses sœurs et sur les bons conseils de ses frères.

Enfin pour finir sur cette description, notons un détail que la dame adore plus que tout : les parfums. Elle ne peut pas vivre sans ! Depuis le jour où elle a su et compris l'utilité des odeurs et les mille et une formes et formules, elle s'y est attachée avec passion. Elle aime les bulles dans l'eau, elle aime sentir sa peau douce, elle aime sentir la rose, la lavande ou d'autres senteurs. Malheureusement, Feliona en est très peu pourvu et il faut sans cesse en faire amener de contrées plus lointaines, cela a un coût et surtout un délai. Autant dire que dès qu'elle a un pot ou un bout de savon, elle y prend grand soin et dernièrement, elle s'est mise à en fabriquer elle-même. Bien entendu, il est bien difficile de se mettre à un domaine si complexe - qui est la science - : elle a peut-être des bases mais bien insuffisante.

Ainsi, la nouvelle passion - et passion durable - de la jeune duchesse est les odeurs tant en liquide (les parfums) qu'en solide (savon). Est-ce un inventeur ? Elle ne pense pas trop à se classer dans cette catégorie car ce qu'elle fait, c'est avant tout un loisir, un hobbies, une passion, un passe temps. Son vrai métier, c'est la gestion de la maison.

- KATARINA !
- Attendez-moi !

Katarina avait deux grands frères, une grande sœur, un petit frère et une petite sœur. Elle était donc la troisième d'une famille de 6 enfants. Voilà un nombre d'enfants des plus "banals" dans la famille Uri Vala et dès l'enfance, on "implantait" ce modèle de famille nombreux et constamment en lien. Il faut dire qu'avec le temps, cette éducation y a porté ses fruits car dans chaque duché, il y avait un petit Uri Vala en paysan - lointain, très lointain cousin - comme un Uri Vala marié à un marquis et chaque Uri Vala s'aidait. Du moins, en théorie. Dans la pratique, tant de liens n'étaient pas évidents à maintenir par conséquent, on privilégiait constamment et naturellement les branches les plus puissantes. Et Katarina faisait partie de cette petite branche puissante : son père était actuellement marquis d'un territoire fertile et plus ou moins cultivable du duché d'Amécar. Il était assez riche dans sa région et il était dans les bons faveurs du suzerain en raison de son indéfectible loyauté.

Parmi cette tripotée d'enfants, il faut avouer que Katarina était la seule "satisfaisante " aux yeux de ses parents. Si les autres brillaient pour divers talents, ils montraient une volonté à se détacher de la famille et voir ailleurs. Katarina était le contraire, elle restait attachée à sa famille et se montrait particulièrement obéissante. Ainsi, ce fut logique que ses parents la choisirent quand le duc d'Amécar de l'époque décida de prendre une des 3 filles pour épouse à l'héritier légitime. La plus grande a refusé avant même qu'on lui propose pour des raisons "futiles" comme quoi l'héritier était trop faible de consistance et qu'elle désirait un homme fort. Quant à la plus petite, elle était bien trop jeune pour l'héritier en question. Enfin, Katarina restait la candidate idéale. Toujours et constamment, c'était sur elle qu'on a apporté un grand soin au niveau de l'éducation de future "épouse".

Sa grande sœur est allée rejoindre la cour de Talrea avec son "mari", un baron apparemment. Son grand frère était destiné à reprendre les rênes de la famille et l'autre rejoignait l'armée. Quant aux petits, ils étaient encore dans les jupons des parents mais ne tarderaient pas à suivre leur chemin soit la tour du savoir pour le petit, passionné de la science, et un bon parti pour la petite toute aussi douce et obéissance que Katarina, quoique plus réactive et plus explosive de nature. Elle garde toujours contact avec ses frères et sœurs malgré la distance et les différents caractères.Sa préférence va tout naturellement pour son grand frère, l'héritier de sa famille en raison de sa maturité et de sa sincérité.

Le jour où sa famille a appris que l'héritier d'Amecar est mort mais que le second, qui s'était engagé dans les troupes, reprenait les rênes,  ce fut une catastrophe. Ses parents ne savaient que faire et convoquèrent les grands frères, la grande soeur et Katarina pour décider du destin de cette dernière. Il faut noter que la famille Uri Vala avait refusé tous les prétendants sous prétexte qu'elle était destinée au fils du duc.
Le frère "militaire" disait que le futur duc d'Amecar, le nouveau disons, était un homme loyal et bon, et le futur chef de famille Uri Vala proposa tout bonnement de reporter ce mariage sur ce nouveau jeune homme. Bien entendu ce fut plus facile à dire qu'à faire et les parents ne savaient si cela étaient faisables ou si c'était une impolitesse.

Pendant que sa famille cherchait une alternative pour elle, la fille à marier - sachant qu'entre temps, les ainés avaient été "placés" via les mariages - , Katarina, alors jeune fille de dix neuf ans, allait se morfondre dans un coin. On lui avait permis de fréquenter le défunt quelque fois et elle se souvint que c'était un jeune homme sympathique. Elle n'aurait donc plus de conversations intéressantes avec lui? Etait-il mort en souffrant ?

Durant ses tribulations, les deux familles trouvèrent bien un terrain d'accord et Katarina avait à épouser le frère du défunt. Elle acquiesçait évidemment et ne disait rien, car elle n'avait rien à dire après tout. Elle prépara chaque détail de son mariage et ce jour-là, elle gardait la tête haute et un air relativement calme malgré la panique et la peur qui la submergèrent au fond. Au final, elle épousait un homme de dix ans son ainé, un inconnu de surcroît avec qui elle n'avait pas autant parler qu'avec le défunt. Serait-il gentil ? Serait-il méchant  ? A-t-il un cœur ? Est-il fou ?

Et finalement ses peurs de jeune fille se révélèrent vaines. Au final - et comme cité plus haut -, un lien agréable et respectueux s'était tissé entre eux dès le début. En bonne épouse, elle ne le quitte que rarement et met un point d'honneur à maintenir une communication constante avec lui, à lui parler, à l'obliger - gentiment - à parler ... Au final elle est en paix et assez satisfaite de sa situation.

Par contre si sa situation brillait pour son calme et son rangement, tout fut chamboulé à la mort de la famille royale. Il faut avouer que cela a fait un choc à beaucoup de monde. Qui aurait pu penser que la famille royale mourait tragiquement, laissant le trône vide ? Qui aurait cru que les trois duchés allaient se livrer une véritable compétition qui conduisait ce pays vers une guerre civile? Cette perspective effraie grandement Katarina et elle n'hésite pas, pour le bien de son royaume et surtout pour les intérêts de son mari, de lui faire des suggestions et d'agir en conséquent. Ne vaudrait-il pas mieux tenter de collaborer avec un duché ou alors opter pour un tout autre système politique qui pourrait arranger les trois duchés et instituer ce royaume paisiblement ? Oser imaginer une alliance avec un autre duché ou un tout autre système politique n'est pas une signe de trahison à ses yeux. C'est une solution à une situation chaotique. Elle sert son époux et son bonheur passe avant tout par le bonheur du royaume. Elle agit donc en se basant sur cette logique.

Elle est consciente que chaque duché  a un grand atout et elle craint précisément que ces atouts disparaissent dans des combats futiles. Et surtout, elle craint pour l'avenir de son duché et de son époux. Elle espère apporter son soutien et elle n'hésiterait pas à aller en enquérir.

Malheureusement, dans cette situation chaotique, les mauvaises nouvelles se suivent et elle apprend donc que son père est gravement malade et sur le point de mourir. Son grand frère a  finalement repris, définitivement et officiellement, les rênes de la famille.