J'ai connu Melyn a son arrivée à la Tour lorsqu'elle avait cinq ans. J'en avais neuf, à peine quatre ans de plus qu'elle, mais je connaissais déjà la nature de mes sentiments à son égard. J'étais seulement trop jeune pour comprendre ce que cela signifiait. Alors je l'ai prise sous mon aile. Nous sommes devenus de très bons amis, inséparables. Rapidement, je l'ai considérée comme ma petite soeur, veillant sur elle, la protégeant, l'aidant dans les cours. Quand l'adolescence arriva, et que son corps changea, pour passer de petite fille à jeune femme, j'ouvris les yeux sur mes senstiments, sans jamais l'avouer à personne cependant, encore moins à Melyn. Je devins presque odieux avec elle. Je me moquais d'elle, riant à chaque fois qu'elle trébuchait, tombait, brûlait quelque chose par accident... Comment fait-elle pour ne pas me détester ?

Raphaël a le même âge que Melyn, et il est arrivé un peu après elle à la Tour. Aussi maladroit qu'elle, ces deux-là ne pouvaient que s'entendre. Curieusement, je n'ai jamais été jaloux de leur relation. Raphaël était un élève doué et prometteur qui choisi la voie du guérisseur. Comme il trainait toujours avec Melyn, je le côtoyais forcément aussi. Il ne me fallu pas longtemps pour être au courant de sa particularité. Cela ne me posa jamais de problème cependant. Après tout, Solyma nous a tous fait pour une raison. Mais ça ne m'empêche pas de le charrier plus ou moins gentiment dès que j'en ai l'occasion. Lui aussi devrait me détester, mais apparemment, les gens aiment qu'on les emmerde... pourquoi j'arrêterais ? Je ne l'ai plus beaucoup revu depuis qu'il a quitté la Tour. Je me demande ce qu'il devient. Je devrais peut-être demander à Melyn.

Comme le revers de la médaille, Stern m'en a fait voir de toutes les couleurs quand on s'est connu, à mon arrivée à la Tour. Peut-être est-ce lui qui m'a rendu ainsi... pire que ce que j'étais quand j'étais gosse... Ou alors, on s'entend si bien, justement parce qu'on est pareil, lui et moi. Comme un grand frère... je l'ai toujours vu ainsi, même lorsqu'il m'en faisait baver en entrainement. Même quand il se foutait de moi quand je savais pas quoi dire ou quoi faire en présence d'une fille. Mais je lui dois beaucoup. C'est lui qui m'a appris à me battre et je sais que je peux compter sur lui en cas de problème. Même si je n'approuve pas toujours son comportement envers les femmes... quel cavaleur !

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