On me dit calme et magnifique, mais au fond de moi, je suis une jeune femme un peu brisée. Hantée par mon passé, mes fantômes m'entravent, je cache ce mal derrière des sourires et malgré ma douleur mes yeux continue de pétiller de bonheur. Ma vie n'est pas finit, elle ne fait que commencer, j'ai pu faire un pas en avant et je compte continuer d'avancer, même si je dois en oublier mes rêves de voyages. Elle m'a permis de remonter dans mon estime, de retrouver la personne que j'étais, je lui doit toute ma vie, j'en suis reconnaissante et je n'aurais jamais assez de toute mon existence pour le lui prouver.


Au départ, je n'étais qu'une simple enfant qui voulait protéger ce qu'elle chérissait, je n'avais pas vu d'autres choix que de vendre la seule chose qui m'appartenais, mon corps. Pourtant, j'aurais pu prendre autre chose, mais cela m'étais devenu si familier que ça ne m'avais pas paru si choquant que ça. Je voulais t'en prendre soin de ma mère, mon dernier lien, mais elle se détruisait sous mes yeux et je ne pouvais rien y faire. Et puis, tout c'est passé très vite, j'ai rejoint une maison où le respect est de rigueur et j'ai continué d'évoluer dans un milieu favorable.


Mais cela ne me suffisait pas encore, je me dois de donner le meilleur de moi-même et encore plus, continuer à progresser et à monter toujours plus haut. Satisfaire autant que possible les gens m'entourant pour leur apporter le bonheur. On me dit douce et délicate, ce n'est pas faux, je n'aime pas ce qui a trait à la violence et j'essaye par tous les moyens d'éviter que les conflits se créaient.

Je fermais mes yeux châtaignes, glissant doucement mes doigts fins dans ma chevelure. Démêlant le moindre nœuds pour y permettre aux rayons de soleil d’éclaircir ce blond couleur blé, arborant par la même occasion quelques reflets contractant étrangement sur ma petite tête. Lorsque je fus assurée qu'il ne restait plus le moindre obstacle, j'y déposa sur le côté gauche, une fleur rouge sang, coinçant certaines mèches dans sa tige, lui permettant ainsi de tenir sa place tout au long de la journée.

J'ouvrais à nouveau mes yeux, y voyant des étincelles de pur bonheur. J'appliquais une crème hydratante sur ma peau de porcelaine, évitant mes orbites autant que possible. Il ne me restait plus qu'à m'habiller et me maquiller légèrement, je commençais par la première partie, les habits, je ne pouvais pas me permettre de les tacher en me maquillant. J'attrapais une simple robe blanche, cette dernière époussetait mes formes à la perfection, mais laissait aussi un semblant de mystère.


Ceci fait, je retournais d'un pas délicat vers ma coiffeuse, je n'avais pas besoin de grand chose et cela ne prendrait donc pas beaucoup de temps. Une simple trace de rouge à lèvre couleur corail et j'étais prête. Je me levais gracieusement, glissant ma chevelure sur mon épaule droite, je me dirigeais vers la porte de « ma » demeure.

Je suis native de Felios, ma famille décida de m'appeler Rosae, en raison de la fragilité que j'eus dès ma naissance. J'étais une petite fille adorable, mignonne, mais de santé fragile et cela causa de nombreux problèmes . Le manque d'argent ne permettant pas à ma famille d'assurer la santé de leur unique enfant les dettes s'accumulèrent, mais on ne pouvait rien y faire. Car au fond de leur cœur, ils ne pouvaient m'en vouloir, j'étais leur unique trésor.

Pourtant lors de mon adolescence, je perdis mon père. Il s'était suicidé, n'ayant pas supporté la perte de son magasin ainsi que le manque d'argent évidant qui en découlait, il avait fini par craquer et nous laissa seule, moi et ma mère. Ce fut le début de notre déchéance. La vie dans les faubourgs n'aidaient pas ma santé, et ma mère qui vint à se prostituer donné à son foyer un air de perdition et de destruction. Je ne pouvais pas lui en vouloir, elle qui avait perdu son mari et moi dont la santé ne s’améliorait guère, n'importe qui aurait fini fou.

Dés l'âge de seize ans,je dû vendre mon corps, je me sentais impur, mais n'avais pas vraiment d'autres choix aussi évident, même si en y réfléchissant maintenant, il y en avait beaucoup d'autres. C'est dans les alentours de ces années que La Maîtresse des Secrets me découvrit. Pourquoi cette femme vint me prendre sous son aile ? Probablement en raison de ma beauté douce ...et mon caractère simple, dû moins c'est ce que je pensais. M'offrant les meilleurs soins, et une éducation, je pus devenir une Hôtesse digne de la Demeure et à partir de ce jour, je me donnais totalement, corps et âme à la maison, mais aussi à celle qui m'avait offert une autre voie, celle qui m'avait permis d'être moi à nouveau.

Aujourd'hui, j'ai une certaine réputation dans la Demeure, dû moins, c'est ce que pensent les autres, mais est-ce suffisant ?. Je suis appréciée pour ma peau de velours, mon parfums de rosae, ma douceur, et ma fragilité, car malgré tout, au fond de moi, cette partie ne s'effacera à jamais. J'ai retrouvé ma beauté et la "pureté" de mon innocence, même si mon travail représente a peu près la même chose, à la différence qu'ici je ne m'offre pas aussi ouvertement...Et si, au fond, j'aimerais voyager et découvrir le monde, je me sens bien trop redevable envers ma patronne pour tout quitter. J'essaye donc de satisfaire ses envies et lui montrer le respect que je lui dois.