HISTOIRE
Printemps 1561, Felios, capitale du royaume de Feliona:
Alvina et Lorian Peyredragon deviennent les parents d’un adorable bébé qu’ils baptisent Rafaël.
Malgré sa différence, les jeunes parents l’élèvent avec l’amour et la patience qu’ils auraient eus pour toute petite fille ou petit garçon normal. Car voilà, Rafaël est né hermaphrodite mais l’amour d’un parent ne s’arrête pas au sexe de son enfant. Ils l’élèvent donc en respectant ce qu’il est, l’habillant parfois en fille, parfois en garçon, selon les préférences de l’enfant.
Très inventif et vif d’esprit, mais surtout naïf, Rafaël se fait rapidement de bons amis parmi les fils et filles de nobles que fréquentent ses parents. Ceux-ci n’hésitent cependant pas, parfois, à profiter de son innocence pour l’entraîner dans des situations à la fois comiques et répréhensibles. Comme ce beau jour de la saison chaude
en l’An 1565.
Alors que leurs parents discutent tranquillement dans le petit salon de la propriété des Peyredragon, les enfants jouent dans le grand jardin et profitent du beau temps. C’est alors que l’un des garçons du petit groupe a la bonne idée de proposer un jeu, échanger leur rôle avec celui des domestiques, juste pour voir. Rafaël se retrouve affublé d’un petit tablier, et d’un pot de cire pour nettoyer les escaliers en bois menant aux étages. Drôle d’idée de la part d’un enfant vous allez me dire, mais voilà, les autres se gardèrent bien de jouer leurs rôles, plus âgés et moins crédules que l’enfant de leur hôte qu’ils regardent faire en pouffant discrètement. Trop affairé à son affaire pour s’en rendre compte, le jeune noble de quatre ans astique les marches et met une bonne quantité de cire pour que celles-ci brillent et que ses parents soient satisfaits.
Seulement voilà, son père, monté au premier pour aller chercher des documents dans son bureau, posa le pied sur des marches terriblement glissantes. Sous la surprise, il n’a pas le temps de s’agripper à la rampe et dégringole les escaliers jusqu’en bas. Les autres adultes, alertés par le bruit, se précipitent pour l’aider tandis que sa femme s’en va chercher un médecin sous le regard médusé du petit Rafaël. Verdict : un bras et une jambe cassés. L’enfant, honteux, pleure tellement auprès du lit sur lequel son père est allongé que ses parents n’ont pas le cœur de le punir. Il aura au moins appris une chose ; penser aux conséquences avant de faire n’importe quoi.
La vie du jeune hermaphrodite se poursuit tranquillement, simplement ponctuée de bêtises en tout genre et de professeurs sévères qu’il fait tourner en bourrique pour épater ses copains de classe. Jusqu’à ce qu’un jour, ses pouvoirs se manifestent soudainement, peu après son huitième anniversaire.
Alors que l’enfant se promène en forêt avec sa mère, il perçoit de petits cris et des sifflements. Sans réfléchir, il se précipite vers le bruit, suivi de près par sa mère, et arrive dans une petite clairière éclairée par les rayons du soleil perçant les feuillages. Il est alors témoins d’une scène qui lui fait mal au cœur, les corps de tous petits nuliths gisent, morts, tandis que la mère et le dernier de ses petits, tentent, en vain, de faire face à un énorme serpent. Incapable de rester sans rien faire devant cette situation qu’il juge injuste et malgré les interdictions de sa mère, l’enfant s’approche et tend instinctivement la main vers le reptile fondant sur ses proies. Celle-ci se nimbe d’une lueur bleutée, et envoie soudainement de l’eau pour balayer le serpent. Alvina recueille ensuite le corps de son enfant, sonné, contre elle. Et alors qu’elle le berce, troublée, les deux nuliths survivants s’approchent et grimpent sur ses épaules. Le petit au joli pelage mauve observe l’enfant endormi. A partir de ce jour, les deux animaux devinrent des membres à part entière de la petite famille.
Une semaine plus tard, un mage prévenu par les jeunes parents emmène le jeune hermaphrodite et son inséparable petit compagnon à poils baptisé Ninaël à la Tour des Mages. Peinés de devoir laisser partir leur unique enfant, Lorian et Alvina le regardent s'éloigner, le cœur serré, en espérant que tout se passe bien pour lui.
Hiver 1573, Rafaël étudie consciencieusement dans sa chambre à la lueur d’une bougie quand quelqu’un frappe à sa porte et lui laisse un message cacheté. L’apprenti mage referme la porte et s’assoit à son bureau pour découvrir ce que contient ce pli. Bien lui en prit, car la lettre lui annonce la mort de ses parents dans un grave accident, la signature est celle de son oncle Kline, le frère de son père. La femelle nulith était, heureusement, restée à la propriété, elle a donc été recueillie par son oncle et sa tante.
Ninaël, juché sur son épaule, frotte sa tête contre sa joue alors que les larmes coulent de ses yeux gris sans vouloir s’arrêter. Il les essuie et prend son courage à deux mains pour prendre connaissance de la suite du message. Son oncle et sa tante s’engagent à le prendre en charge et à devenir ses tuteurs en attendant qu’il soit en âge de vivre seul. Cette nouvelle met un peu de baume sur le cœur de Rafaël qui doit participer aux funérailles de ses parents prévues quelques jours plus tard.
C’est là qu’il retrouve sa cousine Tymara, alors âgée de 10 ans qu’il n’avait pas beaucoup vu ces dernières années. Les deux enfants s’entendent bien, pour le plus grand bonheur de Kline et de sa femme, Belline.
Malgré la tristesse d’avoir perdu ses parents qu’il aimait tant, Rafaël continue d’avancer grâce au soutien de sa nouvelle famille. Il étudie sérieusement la magie et suit les cours avec assiduité pour devenir un mage digne de ce nom et pour que ses parents, de là où ils sont, puissent être fiers de lui. Pourtant, il y a un petit point noir dans cette vie paisible, sa cousine. Si celle-ci s’est montrée gentille et agréable lorsqu’ils étaient plus jeunes, quelque chose a changé dans leur relation depuis qu’ils sont entrés dans l’adolescence.
Rafaël se souviendra toujours de ce jour de
l’An 1576.
Il a alors 15 ans et son corps s’épanouit doucement, sa taille s’affine, ses hanches s’élargissent et une petite poitrine gonfle légèrement le tissu de ses tuniques. Si ses camarades mages ne paraissaient pas gênés par ce qu’il était lors de son arrivée, les choses sont maintenant différentes et il n’y peut rien. Tymara aussi l’a remarqué et malgré son jeune âge, elle commence déjà à jouer de ses nouveaux charmes, de préférence avec Rafaël et dans le dos de ses parents.
Alors que ceux-ci s’absentent pour se rendre à une réception à laquelle les deux enfants ne sont pas invités, la jeune fille en profite pour harceler son cousin qui ne sait pas quoi faire pour repousser ses assauts. Heureusement, il a la magie pour lui et réussit à immobiliser sa cousine dans un petit tourbillon de vent qui plaque ses bras à son corps. Jamais il n’aurait cru devoir en arriver là, mais la jeune fille, curieuse de certaines choses, est allée trop loin. C’est un peu troublé qu’il rentre à la Tour des Mages.
Une année s’écoule encore et Rafaël devient de plus en plus doué en magie élémentaire, en particulier celle de l’eau. On lui propose alors de s’orienter vers la médecine si cela l’intéresse, le jeune hermaphrodite accepte avec joie, soutenu par sa famille et ses amis.
Influencé par Tymara, le jeune hermaphrodite teste ses charmes sur ses camarades, aussi bien homme que femme, mais sa particularité en fait reculer plus d’un. Déçu, Rafaël décide de jouer de ses charmes pour obtenir ce qu’il désire sans aller plus loin que le flirt. Mais cela marche et il en use et en abuse sans vergogne au grand désarroi de sa famille et pour la plus grande joie de Tymara qui prend toujours un malin plaisir à l’asticoter dans le dos de ses parents. Osera-t-il l’avouer ? Sa cousine lui fait peur. Bien que de deux ans sa cadette, elle se montre manipulatrice et un rien perverse, n’ayant plus qu’un lointain rapport avec celle qu’elle était lorsqu’ils étaient petits.
Enfin,
en l’An 1579, sa formation complète, il quitte la tour et retourne passer un peu de temps avec sa famille avant de chercher un endroit où s’établir, seul. En attendant, et pour se faire une réputation, il décide de voyager dans le royaume pour prodiguer ses soins à qui en a besoin.
Puis,
en l’An 1580, tandis qu’il parcoure le royaume de Talrëa, il apprend la disparition subite de la famille royale de Féliona. C’est un gros choc, car aucun héritier ne peut reprendre la couronne. Le royaume est en proie à de grandes tensions et il se dépêche de rejoindre sa famille pour discuter des dispositions à prendre. Les trois grand duchés se mettent sur les rangs et se disputent le pouvoir, ils vont devoir faire un choix et soutenir l’un des potentiels futurs rois. Celui de Rafaël est vite fait, la réputation du duc d’Amecar lui plait, de même que ses idées.
Et enfin, la chute de l’étoile
en l’An 1581 alors qu’il est de retour chez son oncle et sa tante, lui donne un but. Il désire plus que tout aller la voir de près et couper l’herbe sous le pied de ses idiots d’inventeurs en arrivant bien avant eux s’il le peut pour étudier ce phénomène.