HISTOIRE
Pour comprendre l’histoire d’Eric, il faut d’abord revenir en 1945. A ce moment-là, le corps du dernier Prince régnant de la petite principauté de Swendenborg est rapatrié de France pour être enterré dans le caveau réservé à la famille royale. Ce prince se nommait Eric Jansen, il avait 18 ans, et s’était courageusement battu dans l’armée française contre l’invasion allemande. Victime d’un accident mortel, il s’éteint dans un hôpital français le jour-même de son 18ème anniversaire. Sans héritier direct pour reprendre la tête de ce royaume, celui-ci fut rattaché à la Norvège et disparut des livres d’Histoire.
Malgré tout, la principauté n’a pas disparu des cœurs des descendants de ce royaume et perdure toujours par une branche éloignée de la famille royale.
C’est dans la nuit du 15 Décembre 2204, dans la ville de Sandejford, en Norvège, que le dernier prince de Swedenborg voit le jour. Le jeune garçon grandit rapidement, sans souci particulier, entouré de ses deux parents qui l’élèvent avec amour. L’enfance du petit prince est plutôt calme, entre ses camarades et son éducation princière, il a le temps de faire quelques bêtises, jusqu’au premier drame qui bouleversera sa vie, un matin de printemps, le 30 mars 2210.
Alors qu’il est en chemin pour retourner auprès de sa femme sur le point d’accoucher, le train à hyper grande vitesse gravitationnelle qui ramène le père d’Eric vers sa famille, est victime d’un problème technique et déraille. Aucun survivant. L’année marquée par de nouvelles découvertes Reïn’ta sera aussi marquée du sceau du deuil pour le jeune garçon qui voit ainsi disparaître son père. Sa mère, Anna, accouche dans la douleur et donne naissance à une charmante petite fille qu’elle appellera Solveig, et qui grandira sans son père. Mais la petite fille permet à Eric de surmonter sa peine, il veille sur sa petite sœur comme sur la prunelle de ses yeux et lui offre toute l’affection dont il est capable.
Sa mère, affaiblie par la perte de son époux, fait tout de même de son mieux pour surmonter cette épreuve et entoure ses deux enfants d’un cocon de douceur et d’une volonté de leur épargner toute douleur, parfois étouffante. Mais au fil du temps, ce sentiment d’insécurité finit par s’estomper.
Alors qu’il parcourt la grande demeure familiale, âgé de quinze ans, Eric s’arrête devant le tableau d’un très lointain ancêtre. Le dernier prince régnant de Swedenborg, Eric Jansen et sa ressemblance avec celui-ci le frappe alors de plein fouet. Il sait pourtant que ce garçon n’a pu avoir de descendance et qu’il s’agit tout au plus d’un arrière arrière arrière arrière grand-oncle ou cousin. Enfin c’est assez flou dans sa tête, mais il ne peut nier la ressemblance car sur le tableau, le prince a le même âge que lui. Intrigué, l’adolescent commence à faire des recherches sur lui et se passionne pour ce jeune homme courageux, au destin pourtant tragique. Ce qu’il apprend de lui le pousse en avant et il commence à s’intéresser à différents domaines comme la Science et les découvertes Reïn’ta. De même qu’à l’art militaire, et il se met à apprendre différentes langues étrangères, et principalement le français, avec entrain.
A 18 ans, il décide de partir faire son service militaire en France, comme tous les princes de Swedenborg avant lui. Particulièrement endurant, doté d’un esprit d’initiative développé, le jeune homme se fait rapidement remarquer par ses supérieurs et s’attire rapidement la sympathie de ses camarades. Hormis ses supérieurs, personne ne connait son statut particulier et il n’est pas du genre à s’en vanter, il reste donc facile d’accès et n’hésite pas à chahuter avec ses camarades comme tout jeune homme de son âge.
C’est donc avec des souvenirs plein la tête et des promesses de séjours en France dans la famille d’un tel ou un tel, qu’il rentre en Norvège, un an plus tard. Il est alors temps pour lui d’envisager ses études. Après quelques mois de repos auprès de sa mère et de sa sœur cadette, il décide de repartir en France pour devenir pilote dans l’armée de l’air. Cette perspective n’enchante pas vraiment sa mère qui voit revenir le spectre de l’angoisse, mais sa fille est là pour la rassurer, et Eric est un jeune homme volontaire et réfléchi. Il lui promet de faire attention et de lui donner des nouvelles régulièrement.
Une fois là-bas, il commence par se former sur le chasseur F34 Eole et est ensuite régulièrement envoyé sur l’un des deux gigantesques cuirassés de la Fédération Terrienne, l’Horus.
Cinq ans plus tard, en 2229, après avoir participé à plusieurs missions, le jeune Prince est un pilote accompli. Il a gagné le respect de ses aînés et quelques cicatrices, mais surtout, il est heureux. Malgré quelques réprimandes dues à des actions un peu trop téméraires, Eric est plus volontiers félicité, car s’il prend parfois trop de risques, c’est surtout pour venir en aide à ses camarades et non pour s’auréoler de gloire.
A côté de sa carrière militaire, il accompli aussi son devoir de Prince, participant à différentes réceptions lui permettant de rencontrer des politiciens et le roi de Norvège plus particulièrement, qui devient peu à peu comme un père spirituel qui lui apprend à s’intéresser à la politique. Et malgré quelques débuts difficiles, Eric s’efforce de se montrer digne de son enseignement et parvient même parfois à faire écouter ses avis après des hommes influents de la Fédération. Le petit prince du royaume disparu de Swedenborg n’est plus tout à fait un inconnu. Il a 25 ans.
Côté cœur, c’est le calme plat. Il n’a pas le temps pour cela, et s’il se montre toujours agréable et poli envers ces demoiselles, il ne va jamais plus loin que la courtoisie. Il a bien eu quelques aventures, mais rien de bien sérieux. Il se sent plus à l’aise avec la franche camaraderie qu’avec les sentiments compliqués comme l’Amour.
C’est aussi en 2229 qu’est lancé le recrutement pour la mission spatiale d’envergure à bord de l’Arche. Le jeune homme veut à tout prix en faire partie. Connaissant ses qualités et persuadés que ses bonnes dispositions en tant que pilote seront utiles à l’expédition, la candidature d’Eric est appuyée par le roi de Norvège ainsi que par ses supérieurs militaires.
Finalement, après de longs mois d’angoisse, Eric reçoit la réponse tant attendue. Il donne la lettre à sa jeune sœur qui lui annonce, le sourire aux lèvres, que sa candidature est acceptée. Fou de joie, le jeune homme embrasse les deux femmes de sa vie et invite de nombreux amis, norvégiens mais aussi français, à fêter l’évènement. Quelques mois plus tard, le jeune homme part pour rejoindre les autres élus et enfin, en septembre 2231, c’est le grand départ.
Sa famille l’a rejoint sur place pour un dernier au revoir car elle ne le reverra pas avant de longs mois, voire même des années d’absence. Anna tremble mais encourage son fils tandis que sa sœur l’embrasse une dernière fois, puis le regarde s’éloigner, le cœur serré. Mais le lancement de l’Arche se passe sans souci.
Impatient de découvrir les secrets de ce nouveau monde qui s’étend presque face à lui, Eric participe activement à la vie de l’Arche et se fait rapidement de bons amis parmi les techniciens, le personnel civil et ses camarades militaires. Il retrouve même des camarades pilotes avec qui il a fait ses classes. Le voyage se passe comme dans un rêve, jusqu’au drame.
Eric reprend connaissance dans un lit de l’infirmerie. Il est complètement déboussolé et c’est le médecin qui le renseigne sur ce qui s’est passé. L’Arche s’est crashée sur une planète inconnue à cause d’un souci technique dont on ne connait pas l’origine. Quelques semaines plus tard, enfin sur pied mais victime de violentes migraines, le jeune homme découvre l’étendue réelle des dégâts et apprend par la même occasion que plusieurs de ses amis sont morts dans le crash.
Décontenancé, le jeune norvégien a beaucoup de mal à se remettre de la perte de ses camarades. Lui qui s’intéressait vivement aux découvertes scientifiques se désintéresse de cette planète qu’il associe à la perte de ses amis. Il refuse pour l’instant de rencontrer les autochtones et se renferme petit à petit sur lui-même.