→ Mois de la Lune Descendante 1591
→ Par Messager du Vent

Cher Viriel.

J'ignore si vous ne trouverez pas cela déplacé de ma part, que je vous envoie ainsi une missive, sans raisons de primes abords. Mais peu m'importe, je vous avouerai être désireux de vos nouvelles, vous qui avez été comme un tuteur, professeur, confident à mes yeux.

Votre travail de tisserand se déroule-t-il bien ? La styliste de la famille royale vous couvre-t-elle toujours de commandes d’étoffes ? A ce sujet, accepteriez-vous que je vous passe commande, dans le plus pur et grand des anonymats ? J'affectionne tout particulièrement la qualité de vos tissus...Et cela me rend quelque peu nostalgique, je le consens.

Vous devez trouver que je parle de tout, mais surtout de rien.
En réalité, je voulais vous l'annoncer plus tôt mais je n'en ai guère eu, ni le temps, ni le courage. Viriel...J'ai quitté le Royaume. Les raisons seraient difficiles à expliquer...mais disons qu'un conflit que les mots seuls ne sauraient réglé à eut lieu lors d'un Conseil Royal. Je n'ai plus ma place au Palais, mais je n'ai aucun droit d'homme de mon peuple à faire valoir. Aussi, suis-je partit.

L'Ambassadrice Lanulen m'a offert un soutien inattendu pour ce départ peu prévu. A l'heure d'aujourd'hui, je suis en compagnie d'une personne qui m'est chère...en Amecar. Sa famille y vit, et avec les conflits, il désirait ardemment prendre nouvelles de leur santé.

Mais, Viriel, dîtes-moi...Comment les choses se passent-elles au Royaume ? Sa Majesté a-t-elle fait une annonce concernant mon exil ? Ou garde-t-elle cela secret ?
Combien même suis-je partit, je n'arrive qu'à m'inquiéter pour nos Terres. Pour le Peuple des Glaces. J'ai l'impression que la politique de fermeture de ma mère n'aide guère le Royaume à se déveloper. C'est comme si nous ne pouvions avoir confiance en personne, si ce n'est nous. Est-ce réellement ainsi que doivent-être les choses ?

Enfin, je me questionne...Mais le plus important, c'est que vous alliez bien.
D'ailleurs, vos enfants se portent-elles bien ? Un fiston en vu quelque part ? Je resterai disponible un bon moment à la capitale d'Amecar, Sumendi. Cependant, adressez vos courriers réponses à "Estel d'Alagos". C'est là mon nom d'emprunt. Je ne souhaite pas qu'on sache avec tant d'aisance qu'un Wineldil vagabonde impunément en Erkin.

Respectueusement,
Sorel Wineldil ; a.k.a Estel d'Alagos.

Par message du vent, Lune Descendante

Mon cher garçon,

Comme je suis heureux d'avoir de vos nouvelles! Il me semble si longtemps de ne pas vous avoir vu, que je comprend maintenant la raison par votre lettre.  Peut-être est-ce parce que je vous ai vu grandir, que j'ai répondu à votre flot de question lorsque vous étiez petit, que je comprend davantage la raison de votre départ. Il y a eu une grande injustice pour vous, mais je ne suis hélas pas en position d'intervenir en votre faveur, sinon je l'aurai fait il y a bien longtemps. Votre éloignement est donc plus que naturel et je souhaite ardemment que vous trouviez le bonheur dans les royaume et empire du continent. Je suis heureux d'apprendre que vous avez trouvez un soutien auprès de l'ambassadrice. C'est une personne de confiance à ce que j'ai entendu.

Vous me parlez d'une personne, sans la nommez, mais je comprends qu'il s'agit d'un homme, car "il" a rejoint sa famille, comme vous écrivez. Vous n'avez jamais su me cachez grand chose et ce n'est certainement pas en changeant de lieux que vous y parviendrai! Parlez-moi s'en davantage, je suis curieux de votre bonheur.

Peut-être que je me trompe, mais je crois que votre mère est en voyage. Cela fait plusieurs jours qu'elle n'est pas présente au château et certaines demandes auprès des marchands et artisans ont diminué. Peut-être est-elle en voyage pour des rencontre politique? Les étrangers de l'étoile attisent beaucoup les conversations dans les quartiers de Cristal, de même que les femmes-oiseaux qui semblent attaquer les humains. Saurez-vous m'en dire davantage à leurs sujets? Avec l'hiver arrivant, je crains fort ne voir ni l'un ni l'autre dans notre royaume. Mais votre départ n'a pas été annoncé, du coup, vous me l'avez vous-même dit! Mais n'ayez crainte, je ne le divulguerai pas. Je vous réponds d'ailleurs par votre messager du vent, cela sera plus sécuritaire pour vous. Je suis heureux de savoir que vous restez conscient que même sans vous considérez comme un homme de glace, vous savez que votre titre est assez important pour devoir le protéger, c'est très bien.

Mais j'en oublie de répondre à votre première question, quel idiot je fait! Je vais très bien, de même que mon commerce. Comme déjà mentionné, les commandes ont baissé quelque peu, mais cela arrive régulièrement en cette saison. Je m'attend à avoir quelques commandes de dernières minutes pour les fêtes du nouvel an, comme à chaque année. Il me fera plaisir de vous envoyer quelques mètres de ma dernière création d'ailleurs...

Ma petite Vrisma, ma dernière enfant, vient d'atteindre sa cinquième année. Je suis déjà à songer à me trouver une future compagne pour quelques années, je me sens un peu seul. Je suis peut-être trop difficile dans mes choix. Qui sait, peut-être la prochaine portera un garçon? Mais dans mon coeur, c'est mon petit Sorel qui est mon premier garçon.

Soyez prudent, mais continuez à m'envoyer de vos nouvelles!
Votre ami sincère,
Viriel Glafier

→ Mois de la Lune Descendante 1591
→ Remise en Main Propre par des Marchandes...

Cher Viriel.

Je suis heureux que les choses se passent bien pour votre commerce. Je serais, en effet, ravi de pouvoir passer commande de quelques rouleaux de vos créations. Une délégation de vendeuses de notre peuple doit arriver à Cristal avec cette lettre. Elles doivent ensuite rejoindre Felios, en passant par là où je me trouve. L’une d’elle doit avoir le paiement, et elles transporteront le tissu pour moi. Elles ignorent qui je suis cependant ! Pour elles, je ne suis que « Estel »…un homme de notre peuple qui a reçu le droit de voyager car stérile.
Enfin bref, j’imagine que vous comprenez le retard de cette lettre désormais. Et je suis déjà impatient de les voir revenir avec le tissu, et votre lettre !

Pour en revenir à « lui ». Disons que les choses seraient compliquées. De mon point de vue, il n’est ni un homme, ni une femme. Juste la personne que j’aime. Indépendamment de tout.
Je me suis habitué à penser de lui au masculin, car son physique n’est pas sans me rappeler les allures des hommes de notre peuple. Il faut dire que les humains nous trouvent très « féminin ». J’en rigole bien d’ailleurs. Néanmoins, il se nomme Rafaël.

Il m’a expliqué être un Hermaphrodite. C’est donc, dans son cas, à la fois un homme et un peu une femme. Si cela peut sembler étrange, je vous avouerai que je trouve que c’est un charme fou. Je suis rêveur rien qu’à penser à lui.
J’aurais aimé que vous puissiez le rencontrer. Peut-être, lorsque s’en viendra la fin de l’Hiver, vous pourrez voyager pour vendre vos tissus vous-mêmes ? Ou alors, j’aurais le courage de revenir à la Capitale avec lui, incognito, pour vous le présenter.

Pour ma mère…
Je sais qu’elle devait accompagner sa majesté La Reine, en vu d’accord de comptoirs commerciaux. J’ignore encore comment cela se déroulera…
Parfois, je me dis que cela ne dépendra que de savoir quel genre d’homme est l’Empereur Nat Eiran. Je n’ai pas souvenir de l’avoir déjà vu dans notre Royaume…même si son épouse est déjà venu à Cristal. Enfin, j’étais absent du Royaume à sa venue alors elle aussi, j’ignore tout de sa personne.

Sincèrement, je serais heureux que votre prochain enfant soit un garçon. Et…comment dire…je suis touché par vos mots. Il est « commun » pour nous d’ignorer l’identité de notre père. Rare sont les Hommes de notre peuple à garder contact avec leurs enfants. Moi-même, j’ignore parfaitement qui est mon père. Et, parfois, j’en viens à espérer qu’il soit quelqu’un comme vous Viriel.
Je suis un peu violacé sous la gêne en l’écrivant, mais pour moi…vous êtes un modèle Viriel. Et je suis heureux de vous avoir rencontré ! Je vous apprécie plus que le Fils de la Grande-Prêtresse de Woda, qui me mettait mal à l’aise.

Enfin, merci pour tout Viriel.
Je resterais en attente du retour de ces dames, et vous ferez alors part rapidement de mon avis sur le tissu ! Je vous direz aussi en quoi je l’aurais fait tailler. Et peut-être vous parlerais-je d’avantage de Rafaël…Qui sait ?

Respectueusement,
Estel d'Alagos.

P.S : Puis-je, et bien…Pourrais-je vous nommez « Père » ? Car, à mes yeux, vous êtes ce qui se rapproche le plus de l’image de « Père » que les humains tendent à définir…

Par les marchandes, accompagnés de nombreux rouleaux de tissu, beaucoup plus que ne le devrait le permettre l'argent remis, début de la Lune Ascendante 1592

Mon cher enfant,

Il me fait autant plaisir que vous me le demandez et j'accepte avec grand plaisir que vous m'appeliez père. Calaën n'était pas un mauvais garçon, mais il est vrai que vos caractères diffèrents beaucoup.

J'envoie quelques mètres pour vos vêtements, pour Rafael et vous. J'ai fabriqué le vert émeraude spécialement pour ta flamme, j'espère qu'il lui plaira. Les contrats commencent à entrer rapidement avec les fêtes de Woda qui approchent. Aussi, pardonne-moi la brièveté de cette lettre.

Puissions un jour que nous nous rencontrons à nouveau.

Votre père adoptif,
Viriel Glafier

→ Mois de la Lune Ascendante 1591
→ Remise en Main Propre par des Marchandes...

Cher Père.

Vraiment, merci pour ces tissus merveilleux. Ils sont parfaits, et je peux t’assurer que ma mie a apprécié le présent.

Je t’annonce que nous allons pouvoir nous revoir. J’ai appris un moyen de ne plus être, aussi aisément tout du moins, identifié comme étant la personne que je suis. Ceci pour pouvoir me promener, incognito, dans les rues de la capitale.

Je serais là aux fêtes de l’eau, et viendrez vous rendre visite.
Au plaisir que de pouvoir vous convier nombre de choses qui habitent mon cœur, et de vous serré dans mes bras. Vous que je vois tel un Père.

Votre enfant,
Estel d’Alagos.